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INDEX :
- Synonymie
- Situation. Topographie. Géologie.
- Historique
- Cure paroissiale
- Curiosités
- Célébrités
- Agriculture - Commerce - Industrie
- Renseignements administratifs et divers
- Population
- Hameau
- Écarts et dépendances
- Ferme
- Moulins
- Lieudits
- Cours d'eau
- Flore
- Bois
- Fiefs
- Château
- Nobiliaire
- Armorial
- Bibliographie
C'est un devoir, aujourd'hui plus que jamais, d'aimer et de faire aimer sa petite patrie, parcelle vivace de la grande.
Victor LEDUCQ.
Paris, le 19 Juin 1929.
Histoire de Chauny, par le P. LABBÉ.
Histoire des églises de Chauny, par Ch. BRÉARD
Dictionnaire historique du dépt de l'Aisne, par MELLEVILLE.
Dictionnaire topographique du dépt de l'Aisne, par MATTON.
La formation du dépt de l'Aisne en 1790, par René HENNEQUIN.
Dictionnaire géographique et administratif de la France, par Paul JOANNE.
Archives départementales de l'Aisne, par SOUCHON et MATTON.
Dictionnaire des communes, par BAGET et LECOINTE.
Dictionnaire de la noblesse, par de la CHENAYE-DESBOIS et BADIER.
Histoire d'Abbécourt, par POISSONNIER.
Pouillé de l'ancien diocèse de Noyon, par l'abbé CHRÉTIEN.
Collection d'estampes, dessins, cartes, plans, etc. Canton de Chauny, par Ed. FLEURY.
Les anciennes rues de Chauny, par Ch. BRÉARD.
Dictionnaire historique des institutions, moeurs et coutumes de la France, par A. CHERUEL.
La Coutume réformée de Chauny, par VREVIN.
Bulletins de la société arch., hist. et scient. de Noyon.
Annuaires du département de l'Aisne.
Archives départementales de l'Oise.
Documents relatifs à l'histoire de la Picardie, par Dom GRENIER.
Le bailliage de Vermandois aux XIIIe et XIVe siècles, par Henri WAQUET.
Les paysans et leurs seigneurs avant 1789, par L. MANESSE.
Etymologie sur la signification des noms de lieux en France, par A. HOUZÉ
Histoire de la Révolution de 98 à Chauny, par l'abbé Jules CARON.
Notions de géologie, par F. FAIDEAU et Aug. ROBIN.
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Abbatis Curia ou Curtis ; Abecurt en 1151 ; Habecourt, en 1164, 1651; Abbecurt, en 1186 ; Abecort, en 1209, 1285 ; Abecourt, en 1260, 1285 ; Abbecort en 1284 ; Abbattis Curia, en 1383 ; Abbescourt, en 1624 ; Abbecourt en 1711.
Village de l'ancien Noyonnais (pagus Noviomensis),
bâti dans une plaine basse, à 45 mètres d'altitude,
sur la rive droite de l'Oise, à 45 à la halte du chemin
de fer, à 59 au croisement de la route nationale n° 38 et
du chemin conduisant à Neuflieux ; dans une situation agréable,
entouré de belles plantations de pommiers ; à 5 kilomètres
ouest de Chauny, à 2 kil. 200 de Neuflieux, à 1 kil. 600
d'Ognes, à 40 au nord-ouest de Laon et à 120 au nord-est
de Paris.
Autrefois de la Généralité d'Amiens (début
du XVIe siècle), de l'intendance de Soissons depuis
novembre 1595 ; de la subdélégation, du bailliage,
maîtrise des eaux et forêts et du doyenné rural de
Chauny ; du département de Chauny de la direction des aides
de Noyon ; de l'élection (milieu du XIVe siècle),
grenier à sel et diocèse de Noyon (début du VIe
siècle) ; du gouvernement général de l'Ile de
France dès le XVIe siècle ; depuis février
1790 du canton de Chauny ; du district de Chauny du 18 février
1790 au 22 août 1795 ; de l'arrondissement de Laon (Aisne) du
17 février 1800, et de juillet 1801 du diocèse de Soissons,
suffragant de Reims.
Le terroir d'Abbécourt est borné par celui des
communes de Neuflieux au nord, et de Chauny à l'est, de Bichancourt
et de Manicamp au sud, de Marest-Dampcourt à l'ouest ; il
est traversé par la route nationale n° 38 de Noyon à
la Fère, un chemin d'intérêt commun 6 Et
menant à Neuflieux, et celui 42 E à Marest ;
par des chemins vicinaux ordinaires conduisant à Manicamp,
à Ognes traversé par le rû Pontoise.
La route nationale n° 38 portait en 1788 le n° 16 et
le nom de route de Paris à Chauny ; son tracé était
combiné avec le système de défense militaire des frontières
du Nord. Elle a été construite sous le règne de Louis
XIV. L'ancien chemin qui l'a précédé était
qualifié route de Noyon à Guise ou voie Palée
et passait plus au nord de la route actuelle, exactement à la
limite de Neuflieux.
Il y a encore les chemin de Marest à Neuflieux
traversant la pointe nord-ouest du territoire de Caillouël,
partant de la route n° 38 près du chemin menant à Neuflieux
et Béthancourt ; de Caumont, commençant à
la route n° 38 et aboutissant au chemin d'Ognes ; la voie
Briquette, conduisant du chemin de Caillouël vers Neuflieux ;
la voie Palée, traversant une partie du lieu-dit de ce
nom ; le chemin Vert donnant sur celui de Caumont ;
le chemin Fumy à l'ouest du village, continué par
celui du Riez qui se dirige vers le sud-ouest.
Un rôle de la répartition de la contribution imposée
pour les travaux des chemins d'Abbécourt fut établi en
1788 par l'Intendance de Soissons.
Le village d'Abbécourt est bâti sur un terrain
d'alluvions modernes. Ce terrain quaternaire s'étend le long des
rives de l'Oise, mais plus étendu rive gauche.
Au nord du village il y a une mince bande de terrain glauconieux,
puis, au-dessus, au sud de la route n° 38 et se continuant vers Neuflieux,
on rencontre un sol constitué par des graviers anciens, entouré
d'argiles et de sables inférieurs.
Ces terrains sont de l'ère tertiaire, de la période
éocène ; ils sont moins épais dans leur ensemble
que ceux des âges précédents. Des roches assez variées :
calcaires, sables, grès, argiles, conglomérats, en constituent
la masse sédimentaire. L'abondance des nummulites est la caractéristique
de cet âge. Les nummulites sont des Foraminifères, invertébrés
tertiaires qui datent des débuts de l'ère.
L'évolution animale marque le perfectionnement des oiseaux.
Mais le caractère dominant de la période éocène,
c'est le développement des Mammifères ; on en a trouvé
de nombreux ossements dans le pays chaunois ; les poissons osseux se
multiplient extraordinairement ; les poissons cartilagineux sont
des squales ; les batraciens appartiennent généralement
à des genres existants ; les reptiles tertiaires se font remarquer
par l'apparition des tortues, des serpents et des vrais lézards ;
les eaux douces étaient fréquentées à cette
époque par des crocodiliens ; les carnivores dont quelques-uns
d'espèces disparues sont très nombreux.
Le climat se rapproche du nôtre, et l'apparition des
arbres à feuilles caduques, notamment le chênes et les érables
qui se multiplient, indiquent l'existence des hivers. Ces arbres remplacent
peu à peu les palmiers qui diminuent considérablement ;
la vigne vinifère fait son apparition.
Abbécourt, d'après la tradition, doit son origine et son nom à une ferme bâtie par un abbé de Saint-Médard de Soissons qui en possédait le territoire ; de là son nom : Abbatis Curia ou Curtis, cour ou ferme de l'abbé. L'abbaye Saint-Médard de Soissons ayant été fondée vers 560 on peut admettre que l'origine d'Abbécourt remonte au VIIe siècle. Cependant les premiers renseignements recueillis sur l'histoire de ce village ne sont pas antérieurs au IXe siècle.
*
* *
Comme on va le voir, plusieurs établissement religieux
et hospitaliers possédèrent des biens et des droits dans
la localité. Avant d'en donner l'énumération il
est nécessaire de faire connaître certains droits et redevances
en usage avant 1789.
Aux avantages accordés aux nobles, uniquement propres
à nourrir l'orgueil et à flatter la vanité, s'ajoutaient
des droits plus effectifs, plus profitables, dont l'abus a maintes fois
soulevé bien des révoltes, provoqué bien des réclamations.
A l'époque où l'organisation féodale florissait
dans toute sa vigueur, ces droits étaient pourtant la conséquence
du principe de souveraineté inhérente à la possession
du sol, principe nécessité par les cruelles épreuves
au milieu desquelles le pays s'était trouvé jeté.
Il sera parlé plus loin du droit de justice,
de bannalité, de garenne. Citons-en d'autres ;
nous ne ferons guère qu'énumérer les principaux pour
ne pas trop fatiguer le lecteur, tant ils sont nombreux et parfois compliqués.
Les uns se rapportes au souverain, les autres au propriétaire.
Le cens, redevance foncière, annuelle, perpétuelle
et non rachetable, qui se payait en argent ou en nature, devait toujours
être acquitté, sans aucune réduction, même
quand la récolte avait manqué ; les arrérages
en étaient exigibles pendant vingt-neuf ans.
Le champart (la part du champ), droit prélevé
que toute terre labourable, avant que le cultivateur ait rien pu enlever
de ses produits, et qui variait du vingtième au quart des fruits
du sol.
Droits de pâturage sur toutes les terres du domaine,
droit de poussière soulevée par les troupeaux, l'agnelage,
le brebiage, le vif-herbage, le charnage ou revendication
de quelques parties de l'animal.
Le forage, par lequel il permettait moyennant des redevances,
de débiter le vin avec enseigne.
Les terres appelées censives ou tributaires
étaient soumises au cens et ordinairement tenues par des
personnes plus ou moins engagées dans la servitude.
Le paysan devait encore au seigneur nombre de services
et de corvées ; il préférait de beaucoup
s'astreindre à ces pratiques qui ne lui coûtaient guère,
que d'avoir à débourser en argent la moindre somme, à
cause de la rareté du numéraire.
De l'argent, le paysan n'en avait déjà que trop
à payer à son seigneur, et il y suffisait à peine,
sous le nom de cens, d'aides, ou subsides extraordinaires
dus dans trois circonstances principales : 1° quand le fils aîné
du seigneur était promu au grade de chevalier ; 2° quand
sa fille aînée s'établissait ; 3° quand il
lui fallait payer sa rançon pour sortir de prison ; de taille,
impôt dont le nom venait de ce qu'on marquait sur des bâtons
de bois à l'aide de tailles faites avec un couteau combien
chacun devait payer ; de garde, et de ferme aux quatre
termes de l'année. Il devait en outre des redevances en avoine, grains,
vin, laitage, etc. Il devait encore la dîme seigneuriale, qu'il
ne faut pas confondre avec la dîme ecclésiastique,
pas plus que la taille seigneuriale avec la taille royale.
Ces deux impôts s'ajoutaient l'un à l'autre.
La dîme royale se prélevait sur tous les
objets sans distinction. Ce n'était pas absolument la dixième
partie de la récolte, cela variait ordinairement de la treizième
jusqu'à la quarantième partie suivant les provinces. Le trézeau
ou treizième gerbe se plaçait en travers sur les autres, pour
que le collecteur ou ses aides puissent l'enlever plus facilement avec
la fourche. Toutefois la perception de la dîme offrait souvent
de grosses difficultés, suscitait même des procès
interminables.
La plupart des redevances seigneuriales ont eu leurs raisons
d'être, le système a rendu à son heure de grands
services, mais par la suite il s'est produit des abus et des vexations
intolérables ; les droits ont été maintenus,
multipliés après que les services avaient depuis longtemps
cessé.
Le 17 septembre 1205 notification était faite par le
chapitre cathédral de Noyon de la donation à lui
faite par Aubry, curé d'Abbécourt, d'un cens de six deniers
à la Saint-Remi, sur la maison et le pré à lui donnés
par Marcel, chevalier, seigneur du lieu.
Etienne, évêque de Noyon, attestait qu'Albéric,
curé d'Abbécourt en 1209, a reconnu devant lui que Philippe
Cosses a légué aux religieux de Longpont, un châtaigneraie
assise à Vauxaillon, lieudit en Brosse Cosset, « dont
moitié fera retour à son décès à Cécile
sa femme, à titre de domaine, mais sa fille Adeline, ladite Cécile
morte, livrera annuellement deux essaims de châtaignes aux dits
religieux ».
Isabelle, dame d'Abbécourt, fit don en 1265 aux religieux
de l'abbaye de Genlis d'un muid de blé de rente à
percevoir sur la seigneurerie et le moulin d'Abbécourt. Dès
1154, l'abbaye de Saint-Eloi-Fontaine avait des droits sur le moulin
d'Abbécourt. Jean Moyset, abbé de ce monastère,
conclut un arrangement avec Simon de Folloy, seigneur du lieu, en 1340,
relativement à une écluse et une tranchée près
d'Abbécourt, pratiquées par ledit Simon, au préjudice
de l'abbaye. Jean de Folloy, autre seigneur du lieu donnait en 1348 aux
mêmes religieux un écrit par lequel il reconnaissait n'avoir
aucun droit sur les moulins de Chauny.
En 1276 on rencontre un Willelm de Folloy, sire d'Abbécourt
et d'Ognes, qui fait le dénombrement de ses terres à la
duchesse d'Orléans.
L'abbaye d'Ourscamp achetait en février 1284
au sire d'Offémont les terres, vignes, cens et la justice d'Abbécourt ;
confirmation en fut faite par Florent de Potes, seigneur du lieu ;
elle vendit ces terres en 1599. Les chanoines de Saint-Quentin y
possédaient deux faulx et demie de pré en 1293 et plus
tard l'abbaye de Genlis un pré de 7 faulx et demie pour
lequel un procès-verbal d'arpentage fut établi en 1563 ;
les Cordelières de Chauny, des terres et des prés
et le couvent de Sainte-Croix, l'Hôtel-Dieu de cette
ville ; c'est ainsi qu'une obligation est due à cet établissement
par Jean Lasne, laboureur à Abbécourt, sur des terres du dit
lieu le 19 décembre 1606, et qu'un procès eut lieu pendant
les années 1674-1676 entre les maire et jurés de Chauny et
l'abbaye de Saint-Eloi-Fontaine et Madeleine de Martigny, veuve d'Antoine
Dubois, relativement à une terre sise à Abbécourt,
appartenant à l'Hôtel-Dieu de Chauny ; les soeurs de la
Croix de Chauny au moment de la Révolution, y possédaient
également 2 setiers 98 verges de terres affermées depuis 1774
à Joseph Briquet, et le séminaire de Noyon des terres
ainsi que les pauvres de Chauny pour lesquelles terres un bail fut
consenti par les maire et jurés de cette ville le 4 mars 1591 à
Jacques Perrin d'Abbécourt ; le bureau de bienfaisance de
Chauny possède encore plusieurs pièces de terre dans ce
village.
*
* *
L'Oise déborde en 1116 causant de gros dégâts,
ainsi qu'en 1119. L'hiver de 1124 fut très rigoureux ;
en 1125, à partir du mois de mars, une grande pluie tomba continuellement
pendant plusieurs mois et noya presque entièrement la semence
dans les champs. L'été de 1132 fut si sec qu'il dessécha
le lit des cours d'eau et engendra de nombreuses épidémies.
Une grande famine règne de 1195 à 1199 désolant
le pays et faisant périr un grand nombre de personnes. En 1242
et 1280 de fortes inondations de l'Oise submergent une partie du pays.
L'hiver de 1325 causait encore une grande misère dans la paroisse
et l'Oise inondait les prairies riveraines ainsi que pendant l'hiver suivant.
En 1348 la peste faisait son apparition, et de 1361 à
1363 des maladies moissonnent un grand nombre de personnes de tout âge
et de toute condition ajoutant aux horreurs de la guerre de Cent Ans.
En 1405 la terre d'Abbécourt, par suite de sa mauvaise
administration, est achetée par Jean de Hangest, seigneur de Genlis
moyennant 1225 livres, 4 sous parisis. Elle resta dans cette maison
jusqu'au 29 août 1579, époque où Pierre Brulart,
seigneur de Crosne, l'acheta, et fit partie du marquisat de Genlis avec
le titre de baronnie ; en 1670 elle fut saisie par Charles Brulart,
abbé de Joyenval, sur Florimond Brulart ; plut tard elle fut
donnée en dot à Marie-Anne-Claude Brulart, fille unique
de Claude Brulart, laquelle en 1705, la porta en mariage à Henri,
duc d'Harcourt.
Pierre Brulart, marquis de Genlis, racheta cette terre vers
1725 et depuis -- en août 1774 -- elle fit partie du duché
de Villequier-Aumont et jusqu'à la Révolution elle ne sortit
plus des mains des seigneurs de Genlis.
Les seigneurs de Chauny exemptaient les habitants d'Abbécourt
du droit de travers ou vinage qui se levait sur tout
le vin en fût traversant la localité.
Le fief Grehen, de Sinceny, appartenant à l'abbaye de
Saint-Nicolas-aux-Bois, était mouvant d'Abbécourt.
La peste et la famine exercent de grands ravages dans la paroisse
en 1417 et une épidémie l'année suivante. En juin
1426 l'Oise déborde outre mesure et en 1431 un nouveau débordement
de cette rivière dure plusieurs semaines. En 1457 une peste
violente désole la contrée, ainsi qu'en 1471, cette dernière
aggravée par la famine.
Le 8 février 1481 cessait un froid qui durait depuis
le lendemain de Noël ; la famine jointe à la rigueur
de l'hiver causa une grande mortalité. En 1496 nouveau débordement
de l'Oise.
Le 20 octobre 1508 une demande était adressée
par Nicolas Lourson et Jean Pestel, d'Abbécourt, aux maire et
jurés de Chauny, pour faire admettre à la maladrerie de
cette ville leur parent, Jean Lourson.
Le 8 mai 1533, Jean de Hangest, évêque de Noyon,
faisait aveu de foi et hommage à François 1er,
roi de France, pour ses fiefs, terres et seigneuries de Genlis, d'Abbécourt,
Bichancourt et Arblincourt. En cette même année les chanoines
de Noyon apprenant que cet évêque se trouve à Abbécourt,
députent vers lui deux des leurs pour le prier, s'il vient pontifier
dans la cathédrale, de le faire en habits décents.
En 1545 la cherté du blé est excessive ;
le setier en est vendu 100 sols, lequel auparavant n'en valait que 10 ;
deux ans après il y a une forte crue de l'Oise. En 1557 un parti
de Bourguignons s'emparait du village et y brûlait des maisons.
Le 19 juin 1579 la peste y éclate ; le 6 avril de l'année
suivante on ressent des secousses de tremblement de terre ; l'apparition
de météores ajoute à la consternation des habitants.
*
* *
Pour conserver le souvenir des concessions faites à
ses vassaux comme les engagements du tenancier, le seigneur faisait
dresser ses terriers, c'est-à-dire inscrire sur des registres
la description de tous ses héritages féodaux, de tous
ses droits et redevances réciproques. La plupart des anciens
terriers ont été renouvelés au XVe siècle ;
ils étaient pour l'ancienne propriété ce que de
nos jours nous appelons le cadastre. Pour les terre abbatiales le même
registre portait le nom de pouillé.
En 1581 un terrier d'Abbécourt fut dressé en
vertu des lettres accordées par Henri III à Pierre Brulart,
secrétaire d'Etat ; ces lettres furent transcrites et publiées ;
en la même année une déclaration était faite
du Domaine d'Abbécourt et plusieurs furent produites par des détenteurs
d'immeubles.
Jusqu'au milieu du XVIe siècle l'agriculture semble
avoir repris un air de prospérité relative. Mais des
malheurs vinrent fondre sur le pays. Les guerres de religion rejettent
toute notre contrée dans le désordre, dans l'anarchie,
par suite de la misère générale ; les vivres
devinrent fort chers et une grande disette sévit en 1592.
Le 23 novembre 1598, Joram de Vrévin, lieutenant-général
du bailliage de Chauny, condamne Raoul Pestel, d'Abbécourt,
et d'autres personnes à payer aux pauvres de Chauny 20 setiers
de blé pour 2 années échues d'un rente et à
en continuer le paiement à titre de surcens. Un arrêt du Parlement
de Paris rendu le 5 août 1600 au profit des officiers royaux de Chauny
contre ceux de Noyon déclare maintenir et garder Abbécourt
dan le respect de la juridiction de Chauny.
Par suite d'une extrême sécheresse les eaux de
l'Oise sont très basses en juillet et en août 1619.
L'année suivante est faite une démarcation des terres d'Ognes
et d'Abbécourt. La peste sévit dans le pays en 1636 et
le 3 avril 1640 un violent tremblement de terre jette l'épouvante
parmi la population.
L'année 1648 fut signalée par la longueur de
l'hiver qui dura cinq mois entiers, depuis la Toussaint jusqu'au 26
Mars 1649, jour de Pâques fleuries ; les neiges furent tellement
abondantes qu'on en vit la terre plusieurs fois recouverte jusqu'à
quatre pieds de hauteur.
Le pays si durement éprouvé par les guerres de
religion devait l'être encore par la guerre civile. Voici en effet
la minorité d'un roi de cinq ans, la régence d'une reine
mobile, faible et ambitieuse. La noblesse turbulente s'est de nouveau
agitée, les partis, les cabales se sont reformés ;
une guerre civile, la Fronde, désole notre patrie.
Cette nouvelle guerre, que la noblesse semblait faire gaiement,
à la légère, pesa lourdement sur le peuple des campagnes ;
elle ternit la mémoire des Condé, des Beaufort, des Conti,
de tous les brouillons de ce temps qui, pour des motifs frivoles d'intrigue,
de jalousie ou d'ambition, jetèrent notre malheureux pays dans
des tempêtes sanglantes, lorsqu'il avait tant besoin de paix pour
panser ses blessures.
Notre contrée fut bouleversée par des désordres
sanglants. Ainsi, le 29 mars 1652, jour du Vendredi saint, des Espagnols
et des Bourguignons, au nombre de douze escadrons de cavalerie, faisant
partie des troupes du prince de Condé, pillaient les maisons d'Abbécourt,
volant des bestiaux, faisant des prisonniers, massacrant des habitants.
Le 13 juillet suivant, les Espagnols assiégeant Chauny, causèrent
de sérieux dégâts dans le village, pillant entièrement
l'église, n'y laissant aucun ornement et mettant les habitants
dans l'impossibilité d'ensemencer les terres.
En février 1658 une forte inondation couvre le port
d'Abbécourt, enlevant quantité de marchandises. Un payement
de rentes dues au domaine d'Abbécourt est effectué en 1674
par Florent Boulanger, laboureur du lieu.
Il y eut de fortes gelées en 1684 qui détruisirent
les vignes.
La seigneurerie vassale de Chauny, unie au mois de mai 1645
au marquisat de Genlis, en fut séparée depuis 1685 jusqu'au
mois de juin 1736. Les seigneurs d'Abbécourt relevaient autrefois
de l'abbaye de Saint-Médard.
L'équipage des vivres des armées du roi prend
garnison à Abbécourt en novembre 1691 et y installe son
quartier d'hiver. Le 18 septembre de l'année suivante un violent
tremblement de terre est ressenti, lézardant des maisons ;
la cherté du blé est grande en 1693.
Le 3 décembre 1694 décédait Louis Perrin,
laboureur, « homme de piété, d'esprit et de vertus,
inhumé dans l'église le lendemain de sa précieuse
mort » ; en la même année la disette fut grande
dans le pays, causant une profonde misère parmi la population.
*
* *
Ces années de mauvaise récolte, si fréquentes
jadis, n'empêchaient nullement le commis des impositions royales
d'opérer des perquisitions qui faisaient le désespoir
du paysan.
Il ne faudrait pas croire cependant que la rigueur des temps
fut si excessive, qu'elle ôtât au paysan tout plaisir, toute
trêve à ses fatigues. Il avait dans les fêtes religieuses,
alors très nombreuses et chômées des jours de repos
obligatoires. Ces jours-là, après les offices, on se livrait
au village, à des jeux innocents, on dansait en rondes joyeuses,
quelquefois dans la cour du château. Les dames se mettaient parfois
de la partie. On chantait des chansons gaillardes ; le soir à
la veillée, on se réunissait pour écouter les récits
des vieilles femmes, les légendes des sorciers, des enchanteurs
et des fées.
Les fêtes de famille, les baptêmes d'enfants, les
mariages surtout, ont de tout temps été célébrés
avec un éclat tout particulier. Toujours ils étaient
accompagnés de festins, de réjouissances, de gaietés
sans nombre. Les paysans aimaient à déployer dans ces cérémonies
un certain luxe de toilette, en contraste avec leur simplicité
ordinaire.
Quand les bonne gens célébraient la noce de leurs
enfants, c'était un plaisir d'en voir l'appareil ; car, outre
les beaux habits de l'épouse, les parents étaient revêtus
de leur plus riches atours. Les livrées des épousailles
n'y étaient point oubliées ; chacune les portaient à
sa ceinture ou sur le haut-de-manche. Il y avait un concert de musettes,
de flûtes, de hautbois et de cornemuses, et après le banquet
somptueux, la danse rustique durait jusqu'au soir.
Des coutumes, qui paraissent drôlatiques ou inexpliquables
aujourd'hui, étaient en usage lors de ces réjouissances.
C'étaient de joyeuses plaisanteries faite pour égayer
la monotonie de la vie rurale. Y faut-il chercher l'origine de toutes
les niches, plaisanteries, tours malins, gaies promenades et divertissements
burlesques encore en usage dans les noces villageoises ?
Rien ne semblait manquer à ces fêtes. Elles se
passaient à une bonne époque, trop courte hélas !
et suivie de bien des maux.
Les villageois se livraient encore au plaisir du jeu d'arc,
de la soule, jeu violent qui nous est revenu d'Angleterre sous
le nom de foot-ball rugby, de la main chaude, dont l'origine
remonte au temps où au tribunal on apportait la main de l'homme
assassiné, sur laquelle celle-ci chaude encore, l'accusé
et ses conjurateurs venaient jurer qu'ils étaient innocents du crime.
Il y avait encore les Bouhoures, Behourdich ou Bouhourdis,
feu de la Saint-Jean, tradition ancienne encore en vigueur à
Abbécourt il y a peu d'années.
Les bouhoures sont les bois de toute nature qui servent
à alimenter le feu de la Saint-Jean. Tous les ans le 23 juin le
bûcher était élevé sur un point éloigné
des habitations. Au déclin du jour, après les derniers
tintements de la cloche de l'angélus, le clergé en habit
de chaire, précédé par les pompiers de la commune,
se rendait processionnellement à l'emplacement du bûcher,
en psalmodiant divers psaumes et prières ; la population en
grand nombre faisait le cercle ; le clairon sonnait, le tambour battait
aux champs. Le curé bénissait le bûcher et l'allumait.
Les assistants après l'extinction se partageaient les tisons que
le feu n'avait pas entièrement consumés et les emportaient
avec soins en leurs maisons comme préservatifs d'accidents surtout
du feu du ciel.
*
* *
L'origine du droit de justice remonte aux coutumes barbares.
Dans les tribus germaniques, il était d'abord confié au
chef de famille. Celui-ci répondait de sa femme, de ses enfants,
comme de ses animaux. D'après le même principe,le seigneur
avait juridiction sur les personnes et sur les choses dans les limites
de son territoire.
Toutefois dans l'usage, cette terrible puissance du seigneur,
sa plus haute et sa plus dangereuse attribution n'était pas aussi
absolue, elle avait des limites, elle n'était pas sans appel.
Le roi lui-même tenait, plusieurs fois l'an, ses plaids
de justice particulièrement à l'approche des quatre grandes
fêtes de l'année. Tout grand feudataire du royaume, accusé
d'injustice, de sentences arbitraires, devait comparaître devant
le tribunal royal.
Dans les temps reculés, les seigneurs eux-mêmes
s'acquittaient des fonctions de juges ; plus tard seulement, ils
en confièrent l'exercice à des représentants,
appelés baillis, se réservant uniquement la décision
des affaires les plus importantes.
Aussitôt que le pays commença à s'organiser
sur des bases un peu plus solides, la justice devint plus régulière.
On distingua dès lors trois sortes de juridiction, qui se maintinrent
tant que subsista l'ancien régime, à savoir la haute,
la moyenne et la basse justice.
Le droit de basse et de moyenne justice ne connaissait guère
que des délits et causes soumis aujourd'hui au ressort de la simple
police. Le seigneur bas justicier ne pouvait infliger des amendes supérieures
à soixante-quinze sous ; il surveillait les limites des
voies publiques et des propriétés des vassaux ; il
faisait par des règlements la taxe des denrées, l'ordonnance
des marchés. On pouvait toujours appeler de ses arrêts devant
les seigneurs revêtus du droit de haute justice.
Les seigneurs d'Abbécourt possédaient la haute
justice ; ils relevaient les appels des basses et moyennes justices
quand elles étaient exercées par leurs vassaux ;
ils avaient la justice criminelle et jugeaient tous les crimes, excepté
les cas royaux et les cas prévôtaux réservés
aux tribunaux du roi. Leurs juges pouvaient prononcer la peine du fouet,
du carcan, de l'amende honorable, de la marque au fer rouge, du bannissement,
de la mort. Seulement aucune condamnation à mort ne pouvait être
exécutée sans avoir été confirmée
par les juges royaux.
Les cas royaux étaient tous ceux qui offensaient
la majesté du souverain, les droits de la couronne, la dignité
des ses officiers et la sûreté publique. Les cas prévôtaux
ou cas présidiaux étaient les crimes qui exigeaient
une punition prompte et qui étaient commis par des gens sans aveu,
les repris de justice et les gens de guerre.
Les piloris ou potences étaient dressés
en permanence sur les terres du seigneur haut justicier. on appelait
encore le gibet fourches patibulaires ou justices ;
on le plaçait d'ordinaire sur une élévation de terrain,
sur le bord d'un chemin fréquenté pour qu'il inspirât
à tous une grande terreur.
Le seigneur haut justicier avait le droit d'avoir un juge-bailli,
un lieutenant du juge, un procureur fiscal, un substitut, un greffier,
un ou deux sergents ou huissiers.
Pierre Laurens était lieutenant de la justice d'Abbécourt
en 1609 ; Laurent Destouy en 1677 ; Claude de Theis, procureur
du roi en la maîtrise des eaux et forêts de Chauny était
bailli en 1699 ; Pierre Baraquin, lieutenant de justice, décéda
le 5 novembre 1724.
*
* *
L'été de 1705 fut torride et le 29 décembre
1706 un vent d'un extrême violence renversait des arbres et arrachait
les toits des maisons.
Le 4 septembre 1708 la communauté des habitants d'Abbécourt
fut taxée à la somme de 88 livres 15 sols à payer
pour droit de nouvel acquêt, à cause de six années
et quatre d'occupation de diverses pièces de terre en marais,
dont elle jouissait en commun avec las habitants de Chauny, d'Ognes,
de Neuflieux et de Marest. Le nouvel acquêt était
un droit domanial sur des biens possédés par des gens
de main-morte tant qu'ils n'avaient pas été amortis ou n'avaient
pas payé le droit d'amortissement.
Il y eut un hiver rigoureux en 1709 pendant lequel une famine,
augmentée par les accaparements de blés, porta la misère
à son comble. Le 6 janvier de cette année commençait
un une forte gelée qui continue jusqu'à fin mars avec
des périodes de chutes de neiges, de pluies et de grands vents.
En 1711, l'Oise déborde à plusieurs reprises couvrant
une grande partie des prairies riveraines.
L'hiver 1719 fut très pluvieux ainsi que celui de l'an
1726 qui causa une inondation, une des plus considérables qu'on
ait jamais vue ; cet hiver pluvieux fut suivi d'un été
très sec ce qui occasionna des maladies dangereuses et une récolte
médiocre en grains. Il fit encore un froid excessif pendant l'hiver
de 1740 causant une grande misère ; c'est ainsi que du 15
janvier au mois de mai 1741, vingt-sept familles pauvres et huit femmes
ou filles durent être secourues.
*
* *
Le grand mouvement communal qui, vers le XIVe siècle,
se manifesta par toute la France profita particulièrement aux
grandes villes. Dans les plus petites localités, trop peu peuplées,
où la commune jurée, soit par suite des circonstances,
soit pour l'insuffisance des ressources, n'avait pu s'établir,
l'esprit patriarcal des anciennes communautés s'était
alors développé. Les habitants de ces villages n'avaient
point, pour administrer leurs affaires, un petit nombre de représentants
élus, mais eux-mêmes délibéraient dans leurs
assemblées sur tous les gros intérêts. Présidées
d'abord par le seigneur, ou bien par le bailli, son représentant,
les paysans obtinrent de se réunir avec la permission du suzerain.
Plus tard même le syndic de la paroisse eut le droit de convoquer
l'assemblée ; il était tenu de le faire, toutes les
fois qu'il en était requis par la majorité des paysans.
Le syndic était dans le village un personnage important,
c'était le premier fonctionnaire de la communauté. Cette
charge ne doit pas être confondue avec celle de maire ou d'échevin.
Elle en diffère par plus d'un point. Le syndic ne jouissait d'aucune
attribution de police. Souvent il n'y avait pas de syndic officiel ;
ces fonctions étaient remplies par le principal habitant, ou
à tour de rôle par tous les habitants. Ces charges étaient
parfois assez onéreuses, toujours très pénibles,
elles demandaient de la modération,du tact, un grand dévouement
à la chose publique. Il était chargé de la levée
des impôts; de la répartition des corvées, du recensement
des chevaux, de la statistique des maladies épidémiques
sur les hommes ou les animaux, de la destruction des insectes nuisibles,
de l'organisation des secours contre les incendies.
Brice de Brie, syndic de la paroisse d'Abbécourt, fit
le 12 août 1749, en exécution de l'ordonnance royale de
février 1728, au greffe de l'élection de Noyon, la déclaration
des pièces de terre et de pré que possédaient à
ferme ou en propriété sur le terroir d'Ognes, diverses personnes
habitants de la paroisse d'Abbécourt.
Les hivers de 1751 et 1764 se signalèrent par leur
pluviosité. Celui de 1762 fut l'un des plus longs et des plus
rudes du XVIIIe siècle. Le froid commença avec
beaucoup d'intensité le 26 novembre et continua sans interruption
jusqu'au 28 janvier suivant ; la terre gela à deux pieds
et demi de profondeur de sorte qu'on ne put enterrer les morts
.
En 1760 des échanges d'immeubles sis à Abbécourt
furent conclus entre le marquis de Genlis et Jacques du Clozel, seigneur
du fief de Waripont, les Célestins de Villeneuve-lès-Soissons,
Bernard-Gabriel du Passage, seigneur de Caillouël.
Quinze nourrissons de hôpital des Enfants-Trouvés
de Paris mouraient à Abbécourt dans le cours de l'année
1767 ; au mois de juillet de cette même année des orages
d'une extrême violence s'abattaient sur le pays.
Vers cette époque une correspondance était échangée
entre l'Intendant de Soissons, des subdélégués,
le duc de Villequier et Necker, relativement à des usurpations
sur les propriétés communales d'Abbécourt commise
par les habitants de ce lieu. Les années 1768 et 1769 furent des
années de disette.
En 1779 les habitants réclamaient auprès du district
de Chauny la confection d'un rôle de la contribution foncière
pour leur commune, afin de rectifier la répartition des impôts,
qui avait été faite irrégulièrement à
leur préjudice.
En 1787 était dressé un plan et des figures géométriques
de la grosse dîme de Marest-Dampcourt en partie sur Abbécourt.
Le 13 juillet 1788 une grêle formidable cause des dégâts
immenses sur le terroir de la paroisse.
*
* *
En négligeant de s'instruire des choses rurales,
de se mettre au courant des progrès de l'agriculture, en se
séparant complètement de leurs vilains, les seigneurs
furent les grands coupables du mal trop profond qui rongeait notre pays
au XVIIIe siècle ; la fréquence des hivers
rigoureux de ce siècle aggrava encore la misère générale.
Les souffrances étaient excessives, l'état des agriculteurs
bien précaire. La nourriture devint si malsaine, que des maladies
épidémiques en furent engendrées. Combien de malheureux
préférèrent abandonner leur terre que d'avoir à
payer les dîmes et les droits seigneuriaux.
Partout des plaintes s'élèvent, la mesure est
à son comble, la dernière goutte d'eau va faire déborder
le torrent. Nous sommes à la veille de la Révolution !...
La mesure des souffrances déborde des coeurs serrés
d'angoisses dans des poignantes remontrances, que les paysans osèrent
à la fin adresser au souverain, à la veille des grands Etats-Généraux
de 1789.
D'après le Cahier des Doléances et Remontrances
des habitants de la paroisse d'Abbécourt, rédigé
conformément aux lettres de convocation des Etats-Généraux,
en date du 1er mars 1789, les plaintes et doléances se
réduisent à trois points principaux :
1° Les dégâts occasionnés sur les terres
cultivées par la surabondance du gibier dont les seigneurs terriers
ont la chasse exclusive.
2° Les vexations de la part des personnes chargées
de la justice seigneuriale.
3° Le manque de police ou de police mal organisée
dans les paroisses.
Le 6 mars suivant le duc de Villequier adhérait aux
doléances et plaintes des habitants en ce qui concerne la répartition
des contributions. Ce seigneur commençait à proposer le
sacrifice de ses propres avantages, comme le firent du reste quelques
nobles et membres du clergé, les plus illustres, les plus influents,
dans un élan vraiment généreux.
Des décharges d'impôts au profit de certains habitants
du village furent effectuées dans le courant des années
1789 et 1790.
En 1790 la contribution patriotique des habitants par suite
du décret du 6 octobre 1789, s'éleva ou fut fixée
à 843 livres 4 sols. Le curé Jean-Baptiste-François
Legrand souscrit personnellement pour la somme de 300 livres, payables
en trois termes.
A cette époque les terres d'Abbécourt appartenant
aux religieuses Cordelières de Chauny et affermées aux
sieurs Briquet d'Ognes, Louis Dirivery et Fossier, furent mises en vente
comme bien national mais ne trouvèrent pas d'acquéreurs.
En 1790-1791 un différend existait entre les habitants
de Marest et ceux d'Abbécourt au sujet des dîmes à
prendre sur diverses pièces de pré. Aucune solution ne fut
donnée aux questions qui divisaient ces paroisses.
Le 13 mars 1792 les habitants adressaient au directoire du
district de Chauny, une pétition pour faire respecter les limites
de leur terroir par les habitants d'Ognes et de Marest.
En août de la même année le curé
fut dénoncé par les habitants de la commune pour n'avoir
pas voulu lire en chaire le mandement de l'évêque constitutionnel
sur l'abolition de la royauté.
Antoine Poittevin, maire d'Abbécourt, était dénoncé
en nivôse 1793 au comité de surveillance républicain
de Chauny comme entretenant ses concitoyens dans le fanatisme et leur
prêchant le charlatanisme dans l'église. Mais un grand
nombre des habitants du pays vinrent déposer en faveur de leur
maire. Ils expliquèrent qu'obligé de faire sonner la cloche
pour assembler les habitants et leur donner lecture des décrets
et réquisitions qui les intéressaient, il dut ouvrir la
porte de l'église et ne put empêcher certains villageois
d'y pénétrer pour y faire leur prière ; il fut
donc relâché ; mais il était de nouveau victime
d'une autre dénonciation de l'agent national qui lui reprocha de
s'être opposé à la démolition du clocher de
son village et de s'être permis des propos contre les autorités
constituées ; il fut condamné et conduit dans une prison
de Chauny ainsi que les citoyennes Soutil et Boulanger reconnues coupables
d'avoir exigé l'exhibition des pouvoirs du commissaire et des ouvriers
démolisseurs.
Nous relevons, en effet, parmi les dénonciations faites
au Comité de surveillance républicain de Chauny, en nivôse
1793, la suivante :
« Contre le maire et conseillers de la commune d'Abbécourt
qui, après avoir fait annoncer au son de la cloche l'adjudication
du clocher pour le 11 ventôse, ne se sont trouvés personne
ce jour-là pour procéder à l'adjudication qui n'a
pu avoir lieu. »
Le 15 brumaire an VI, des commissaires nommés spécialement
par le Conseil municipal de Chauny certifiaient que dans l'église
étaient affichées deux copies du serment de haine à
la royauté conformes à ce qui avait été prescrit
par l'arrêté du département du 24 vendémiaire
et signées du ministre du culte et du secrétaire de la
municipalité.
Le 12 ventôse, an VII, il y eut une protestation des
habitants, soupçonnés injustement par le commissaire du
pouvoir exécutif et le secrétaire-greffier près
l'administration municipale de Chauny, d'avoir caché les registres
et archives appartenant à leur paroisse.
En la même année les habitants réclamaient
auprès du district de Chauny la confection du rôle de
la contribution foncière pour leur commune, afin de rectifier
la répartition des impôts qui a été faite
irrégulièrement à leur préjudice.
Le 16 frimaire an XI, le préfet Bouchereau autorisa
les habitants à poursuivre devant les tribunaux divers particuliers
qui avaient usurpé des portions de terre appartenant à
la commune d'Abbécourt.
Après la réouverture des églises un trêve
sembla permettre le libre exercice du culte en toute quiétude ;
mais cette trêve ne fut pas de longue durée car le Directoire,
effrayé des progrès que faisait parmi le peuple la religion
catholique, lança contre ses ministres les plus ardents de ses
agents de haut et bas étage, et, sous le faux prétexte
de complot royal, réouvrit l'air des persécutions ;
J-B. Legrand, curé d'Abbécourt dut reprendre le chemin de
l'exil.
*
* *
La garde nationale d'Abbécourt dépendait
du bataillon de Marest-Dampcourt.
L'Oise eut une crue en 1802 qui dura plusieurs semaines ;
elle déborde encore en 1807 ; le 16 février de cette
année la neige tomba si abondamment par un vent d'une extrême
violence que des gens furent ensevelis sur les chemins.
Vers le milieu de février 1814 l'autorité militaire
de La Fère réquisitionnait à Abbécourt 2
boeufs et 5 moutons. M. Tourneur fut nommé membre de la commission
particulière de contrôle du magasin d'approvisionnement installé
à Chauny lors de l'invasion du territoire par les alliés.
Au commencement de mars de cette année, de Bülow, apprenant
le mouvement offensif de Napoléon, se dirigeait sur Noyon et Compiègne.
Le passage de ce corps d'armée laissa un douloureux souvenir ;
ce flot d'hommes exigeants et brutaux envahit Abbécourt, pilla
les maisons et molesta les habitants. Le 28 avril suivant , dans le tableau
de la répartition de l'avoine à fournir par les communes
aux 300 chevaux de l'ennemi cantonnés à Rouy et à
Sinceny pour 5 jours, Abbécourt était classé pour
50 setiers. Au mois de mai le prince Chahovsky, lieutenant-général
des armées russes, logeait dans la localité une partie
de ses troupes.
Le 6 août 1816 l'Oise débordait et submergeait
la vallée ; le 7 septembre suivant nouvelle inondation.
L'hiver 1830-1831 fut extrêmement rigoureux. Le choléra
fit son apparition au printemps de l'année suivante. L'été
de 1833 fut très sec ; il y eut des inondations en mai et à
la fin de 1836 puis encore en 1839, des mauvaises récoltes en 1847,
1853, 1856, pendant lesquelles le blé fut cher et des inondations
aggravèrent encore le mal ; l'hiver de 1854 fut rigoureux,
le pain cher et le travail peu abondant.
Le rude hiver de 1870-1871 ajouta aux tristesses de l'invasion
allemande ; la neige couvrit la terre en décembre et continua
à tomber en abondance ; en janvier le froid reprenait avec
intensité.
En vertu d'un ordonnance du 11 février 1871 du gouvernement
général de Reims ordonnant aux préfets allemands
des départements envahis d'enlever et d'interner en Allemagne
des notables comme otages en garantie des communes débitrices
et menacées « de mesures ultérieures » des
notables d'Abbécourt sont arrêtés dans leurs lits
et enfermés à Chauny.
Il y eut une grande sécheresse en 1874, des inondations
en 1876, un hiver très rude en 1879, de nouveaux débordements
de l'Oise en décembre 1882 et janvier 1883.
Un monument a été érigé en 1896
sur l'emplacement d'un très ancien calvaire, en souvenir des enfants
d'Abbécourt enlevés par la guerre 1870-1871. Élevé
par souscription publique, construit en granit belge, il a 3 m
95 de hauteur. Il porte les nom des huit victimes de la guerre et ceux des
six principaux bienfaiteurs du village : Isabelle, dame d'Abbécourt,
1264 ; Antoinette Le Gay ; Adrien de Hangest, 1556 ;
l'abbé Antoine Magnier, 1686 ; l'abbé Jean-Baptiste
Legrand, 1826 ; l'abbé Geoffroy, 1903. Inauguré
et béni le 16 mai 1897 il fut prononcé, pendant la cérémonie,
trois discours par MM. Thuillier, maire, Joncourt, conseiller général,
et Dequin, curé-doyen de Chauny.
En 1910 à la suite de pluies persistantes, l'Oise
subit une grande crue et couvre les prairies avoisinantes.
*
* *
L'année 1914 devait voir le commencement de la
Grande Guerre mondiale qui fut si funeste pour notre région. L'armée
von Bülow venant de Charleroi poursuit pour les séparer
les deux armées French et Lanrezac qui, menacées à
la fois d'enfoncement et d'enveloppement, retraitent vers l'Oise ;
von Bülow se dirige vers La Fère ; l'armée britannique
continue vers le sud le long de la vallée de l'Oise et Abbécourt
est occupé par les Allemands le 1er septembre.
Les Allemands, dès leur arrivée à Abbécourt,
désignèrent un administrateur communal qui les représente.
M. Charles Béguin, ancien cultivateur, et comme maire M. Férandelle,
ancien maréchal, conseiller municipal, sous le contrôle
de la Kommandantur, pour la signature des décisions et pièces
officielles. La population qui comptait près de 700 habitants
fut réduite à 415, en comptant les 35 ou 40 prisonniers
civils rentrés au pays depuis mars et avril 1916.
Tous les hommes et femmes valides travaillaient aux champs
depuis l'âge de 12 ans. Les hommes étaient payés
2 fr. 50 par jour, les femmes 2 fr., et les enfants 1 fr. Ce salaire leur
était servi en bons régionaux, sauf retenue de l'indemnité
de guerre et du ravitaillement équivalent à 1 fr. 75 par
jour. L'école pour les enfants des deux sexes était faite
dans l'école des filles par Mlle Georgette Devillers, institutrice
publique adjointe. La mairie fut transformée en boulangerie. Un embranchement
fut établi à la gare qui dérivait une voie vers Marest.
Vers octobre et novembre 1916 les habitants croyaient bien
être évacués, le ennemis ayant pris leur dispositions
pour cela. L'attaque de la Somme retarda les semailles en été ;
l'ensemencement ne commença qu'en novembre seulement. Il ne restait
que 3 chevaux et 30 bêtes à cornes. Le lait était porté
à la Kommandantur, les poules étaient comptées et les
oeufs réquisitionnés à raison de un par semaine et
par poule au prix de 0 fr. 085 ; chaque oeuf manquant était
payé d'un amende qui variait pour le fermier.
Les jardins cultivés par les habitants recevaient la
visite des gendarmes allemands qui perquisitionnaient souvent pour découvrir
les provisions cachées dont il s'emparaient.
Le magasin américain fut installé dans l'ancienne
ferme de M. Charles Béguin, rue des Fossés ; là
se faisait la distribution du riz, des haricots, de la céréaline,
de la graisse, du lard, du café, du sucre, du sel, etc. Tous ces
produits n'étaient pas livrés en abondance ; la ration
de pain était de 400 grammes par personne. Détail intéressant :
les Allemands étaient encore bien moins ravitaillés que
les habitants et pour les uns comme les autres la viande était
absente.
Avant d'abandonner Abbécourt le 19 mars 1917, les Allemands,
lors de leur premier repli, détruisirent systématiquement
le village, qui fut alors occupé par des troupes de la 3me
armée (Humbert).
En février 1918 les Britanniques s'étendaient
devant le front Hindenbourg jusqu'à Abbécourt. Le 12 mars
suivant l'ennemi déclenche une formidable offensive et la 5me
armée anglaise, qui occupait la région, doit reculer ;
les divisions françaises Pellé se jettent dans la bataille,
mais malgré des prodiges de valeur elle retraitent devant des
forces supérieures et Abbécourt est de nouveau occupé
le 24. Le 6 avril les Allemands pressant le saillant que nous continuions
à tenir sur la rive gauche de l'Oise le long du front d'Abbécourt-Amigny-Barisis
nous force à nous replier sur Manicamp.
Pendant les offensives conjuguées sur la Somme et sur
l'Oise du 8 au 29 août le front passait au sud de Marest et d'Abbécourt,
en dessous de l'Oise et de l'Ailette et Abbécourt était
réoccupé définitivement par les soldats de l'armée
Humbert le 6 septembre suivant, et obtenait la croix de guerre par arrêté
du 17 octobre 1920.
La commune a bénéficié pour 1850 francs
de la subvention accordée par la Tunisie au département
de l'Aisne ; elle compte treize de ses enfants morts pour la défense
du pays pendant la grande guerre.
*
* *
Liste des maires dont nous avons pu relever les noms,
avec les années pendant lesquelles nous les avons trouvés
en fonctions :
Poittevin Antoine (1792-1793). -- Tourneur Pierre-Nicaise,
né le 29 juillet 1773 (1814-1844). -- Poittevin Antoine-Théodore,
né le 21 mars 1799, de 1844 à 1848. -- Gérard,
de 1848 à 1859. -- Bigand Antoine-Isidore-Théodore,
maire de 1859 à 1863, décédé le 15 mai 1864
dans sa 40e année. -- Gérard (1863-1879).
-- Thuillier (1896). -- Prudhommeaux (1910) -- Emile
Crapet l'était en 1914 et encore en 1922.
Le 17 septembre 1205, Aubry, curé d'Abbécourt
donnait au chapitre de Noyon un cens de 6 deniers à prendre
sur la maison et le pré que lui a donnés Marcel, chevalier ;
notification de cette donation fut faite par le chapitre de Noyon le
même jour ; ce chapitre était le nominateur et le
gros décimateur de cette cure. Cette paroisse vit dès
le XIVe siècle s'établir l'usage de sonner
l'Angélus et le Pardon.
Le 30 juillet 1530, Adrien de Hangest, seigneur de Genlis et
d'Abbécourt, était présent à la procession
solennelle de Saint-Médard de Soissons qui se faisait tous les
50 ans. Le 1er avril 1553 Jean III de Hangest, évêque
de Noyon, sacré l'année précédente, visita
la paroisse. Entre les années 1581 et 1584 l'église déclarait
les immeubles qu'elle possédait.
Suivant le compte présenté en 1621 par Pierre
Bigand et Daniel Quiérru, marguilliers de l'église Saint-Jean-Baptiste
et Saint-Nicolas, patron de l'église d'Abbécourt, il est
alloué à Jehan Patte, prêtre-curé, une somme
de 4 livres pour avoir chanté et célébré les
messes chaque dimanche, fêtes et jours ouvrables de l'année ;
on porta en dépenses la somme de 36 sols pour le pain à
chanter et célébrer les messes chaque jour de l'année
et communier les paroissiens, tant les jours de Pâques, Pentecôte,
Noël, Toussaint, et autres jours de l'année ; plus une
autre somme de 50 sols payée pour le vin qu'il a convenu avoir
pour communier les paroissiens pendant le cours de l'année.
La somme de 8 sols payée aux sonneurs qui ont sonné
les cloches tant la veille du jour des âmes, que la nuit et le jour
des âmes suivant l'ancienne coutume. Une somme de 30 sols, payée
à Jehan Brunette, potier d'étain à Chauny, pour
avoir vendu et livré deux potelets d'étain (burettes) servant
à célébrer la messe et pour avoir ressoudé la
croix de l'église par deux fois ; une somme de 50 sols, payée
à Antoinette Delanoy qui a fourni les images de Saint-Jean-Baptiste,
avec les épingles, livrées et distribuées en l'église
le jour de la nativité de ce saint. C'est un usage très
pieux et très ancien de fixer par une épingle l'image du
patron d'une église à la coiffe des enfants.
Enfin, on a payé au clerc de l'église, Nicolas
Gros, une somme de 6 livres pour ses droits, salaires et vacations
d'avoir aidé à chanter et célébrer les obits
et fondations de l'église durant l'année 1621 : une
somme de 20 sols pour ses peines et vacations d'avoir sonné les
pardons chaque jour au soir, selon l'ancienne coutume de l'église,
et aussi pour avoir nettoyé et balayé l'église chaque
jour ; la somme de 10 sols pour ses peines et salaires d'avoir monté
au clocher plusieurs fois, afin de graisser et huiler les martriaux
et tourillons du clocher, et fourni l'huile nécessaire.
Le curé Jehan Patté, dont il est question plus
haut, avait comparu le 5 octobre 1609, ainsi que Pierre Laurens, lieutenant
du village, des manants et des habitants, en l'auditoire royal de Chauny
lors de la rédaction et réformation de la coutume de cette
ville. En 1653 des voies de fait sont exercées par François
Desviviers sur Louis Camus, curé du lieu.
Marie Pottelet, de Chauny, devant un surcens à la fabrique
de l'église d'Abbécourt, en effectua le paiement de 15
années d'arrérages en 1661. En 1674 un autre paiement était
fait d'un surcens de 42 sous dû à la fabrique par les héritiers
de François Destouy.
La confrérie du Saint-Sacrement y fut établie
le 16 juin 1677 par M. de Clermont, évêque de Noyon. Le 19
juin 1678 eut lieu une délibération par le curé,
le maire et les principaux habitants concernant la restauration et l'embellissement
de l'église. En août 1683 fut célébrée
la bénédiction par Jean de Théis, évêque
de Noyon, de l'image de la Sainte-Vierge placée dans la chapelle
de l'église.
Le 20 mai 1687 les revenus de la cure étaient de 30
setiers de blé, 22 setiers de blé et 22 setiers d'avoine
de la cure, 80 livres de fondations, 250 livres de menues dîmes,
100 livres de casuel, du clerc, 5 livres du clergé, 30 livres de
casuel. le pain bénit ; de la fabrique 261 livres, charges
acquittées.
Le 19 mars 1694 plainte était adressée au lieutenant-général
de Chauny par le curé et une partie des habitants d'Abbécourt,
contre le curé et quelques personnes d'Ognes qui s'opposaient
à la levée d'un denier par livre que devaient payer pour
la subsistance des pauvres d'Abbécourt, les personnes qui possédaient
des terres sur le terroir d'Abbécourt et étaient habitants
de la paroisse d'Ognes. Le 14 mai 1703 un état de marché
fut passé entre Antoine Wagnier, maître charpentier à
Prémontré, le curé et les marguilliers d'Abbécourt
pour divers travaux relatifs aux cloches de l'église, moyennant
la somme de 18 livres payables après l'exécution des travaux.
Le 10 août 1709, par ordre de l'évêque de
Noyon, le curé d'Abbécourt, curé-doyen de Chauny,
était chargé de régler le différend entre
les curés des deux paroisses de Chauny relatif à l'organisation
en communauté des processions.
En 1729 les revenus de la cure étaient de 1.000 à
1.200 livres, savoir : 30 setiers de blé, 44 setiers d'avoine,
80 livres de fondations, 250 livres de menues dîmes, 300 de casuel ;
du clerc, 27 livres 10 sols des habitants, 7 setiers de blé des
laboureurs et 30 livres de casuel ; de la fabrique, 450 livres, chargées
de 190 livres ou environ, pour acquit des obits et autres fondations qui
étaient au nombre de 128 messes. En 1741 les revenus de la cure
s'élevaient à 1.200 livres ; de la fabrique, 450.
Elle est chargée de 61 livres pour le curé, de
30 livres à la soeur d'école ; le clerc avait 27
livres sur la fabrique.
Dans les déclarations faites au terrier de la seigneurerie
de Marest-Dampcourt entre les années 1730-1755 figurent la cure
et l'église d'Abbécourt. Le 3 août 1760, trois cultivateurs
d'Abbécourt adressèrent une requête contre le clerc
laïc de la paroisse d'Ognes, tendant à lui faire restituer
trois gerbes de blé qu'il a prélevées, à
titre de dîme arbitraire et non légitime, sur les
terres des demandeurs, sises à Abbécourt, sans les prévenir
et en leur absence.
En janvier 1761 fut fondue la grosse cloche de la paroisse ;
elle fut bénite le 1 février suivant par Mathieu-Charles
Dehem, maître és-arts, prêtre-curé d'Abbécourt ;
elle fut nommée Gabrielle par le seigneur de Genlis, Pierre-Claude-Charles
Brulart et par Mademoiselle Marie-Gabrielle-Flore du Roger de Bournonville.
En la même année, le clocher de l'église
menaçait ruine, mais il fut rétabli et le beffroi destiné
à porter quatre cloches, reconstruit à neuf.
A la même époque on refaisait à neuf le
plafond de la nef, le petit emplacement de l'horloge avec la lucarne
ardoisée et le cadran. Ces réparations coûtèrent
plus de 1500 livres, sans compter la fonte de la cloche.
Le 25 mai 1762, le prêtre-curé de la paroisse,
doyen-rural de Chauny et administrateur du bien des pauvres d'Abbécourt,
présenta une requête au roi, à l'effet d'obtenir
la vente d'une quantité d'arbres rabougris se trouvant sur vingt-quatre
setiers de bois appartenant aux pauvres de la paroisse. Le produit
de la vente fut destiné à la réparation ou la reconstruction
d'une maison, bâtiments et grange sis à Abbécourt,
dont le loyer servait annuellement au soulagement de ces pauvres, lesquels
maisons et bâtiments tombaient en ruines. Le roi fit droit à
la demande.
Le compte des recettes et dépenses de la paroisse pour
les années 1751-1752-1753 nous font connaître l'existence
d'une recette de 20 sols et d'une autre de 22 sols 11 deniers pour surcens
dus à son église et garantis par divers immeubles, mais
à charge de sonner le pardon ou l'angélus du midi et celui
du soir ; de plus au terroir de la commune il existe une pièce
de pré, appelée le Pré des Cloches, plus connue
sous le nom de Pré de ch' clerc qui rappelle semblable fondation
et dont le revenu était attribué pour ses gages au maître
d'école ou au sous-clerc chargé de sonner l'angélus.
Ce compte renferme encore divers détails, entr'autres
l'obligation :
1° De dire un De Profondis, après l'aspersion
de l'eau bénite, à l'intention de Me Jean Patté,
ancien curé d'Abbécourt.
2° De chanter le Libéra, à la messe
de Sainte-Barbe et de dire le salut le dimanche suivant, à l'intention
de Barbe Périn et de Jean Béguin.
3° De célébrer une messe solennelle le jour
de Saint-Marguerite, et un salut, le dimanche suivant, en souvenir de
Marguerite Hourdé.
4° De payer un surcens annuel de 20 sols, pour tenir lieu
de deux livres de cire ouvrée (blanche), livrable à
l'église d'Abbécourt. Pareil est reproduit trois fois dans
le même compte.
Le 14 novembre 1768 un mémoire très étendu
était déposé au greffe du marquisat de Genlis, concernant
les immeubles appartenant à l'église, aux pauvres et à
la paroisse d'Abbécourt à l'effet d'établir l'état
exact des censives dues annuellement à la seigneurerie de Genlis.
En 1774 la terre d'Abbécourt était chargée
de payer 17 setiers de blé au curé pour son revenu.
La fabrique paroissiale possédait des terres à
Abbécourt, à Marest-Dampcourt, à Ognes, et à
Crépigny,pour lesquelles des baux furent établis entre
les années 1782-1784. D'après un état des biens
nationaux la fabrique affermait un setier 39 verges de terre à
Caillouël ; la matrice cadastrale de ce village sous l'an V
porte deux pièces de terre appartenant à la Nation ;
elles furent vendues en 1818.
Le 18 mai 1781 deux maîtres maçons de Chauny visitaient
le presbytère ; ils évaluèrent à 98
livres les dépenses à faire pour réparer cette maison.
Mlle Dehem, seule héritière de l'abbé Dehem
son frère, ancien curé d'Abbécourt, paya cette
somme à l'abbé Jean-Baptiste Legrand, successeur de l'abbé
Dehem, qui s'engagea pour cette somme à faire exécuter
le devis des réparations.
Toutes les communes du canton de Chauny ayant été
déclarées « cures » par le directoire du département,
elles furent invitées à soumettre dans le plus bref délai
l'état exact et détaillé des revenus de leur paroisse ;
afin de fixer légalement le traitement du sieur curé. L'état
de la paroisse d'Abbécourt fut envoyé vers la fin de
l'année 1790.
Voici ce que nous avons relevé dans le résumé
officiel :
« Le revenu net de la cure d'Abbécourt a été
arrêté à 1562 livres, 5 sols 7 deniers ; le traitement
du curé à 1381 livres, 2 sols, 9 deniers ; compte
approuvé à Laon le 5 mai 1791 ; curé Legrand.
»
Le 28 fructidor an V, Pierre Deleau, ministre du culte catholique
à Abbécourt, se rendit à la maison commune de Chauny
pour faire le serment politique de « Haine à la royauté
et à l'anarchie ; attachement à la République et
à la Constitution de l'an III »
.
Lors de la réouverture des églises en 1804 la
municipalité d'Abbécourt fit la déclaration suivante :
« en y laissant un desservant, sans réunion, la cure sera dans
le même état qu'autrefois. Le presbytère est conservé
».
On comptait un protestant dans la paroisse en 1817.
On rencontre dans les archives d'Abbécourt à
la date du 24 février 1833, la donation faite ce jour à
l'église de ce village, par Jean-Baptiste Poittevin, propriétaire
en ce lieu de 7 pièces de terres labourables contenant ensemble
une superficie de 1 hect. 41 a. 90 cent. Dans ce nombre figure une parcelle
de 2 ares 71 centiares, au lieudit le calvaire d'Abbécourt
sur laquelle a été érigé en 1770 un calvaire
placé à côté du chemin d'Abbécourt, sur
la pâture de la Barre. Le conseil de fabrique d'Abbécourt
a été autorisé à accepter cette donation et à
en exécuter les conditions, sur une ordonnance royale du 6 août
1833 et une autre de Mg. Simony ,évêque de Soissons, en date
du 23 janvier 1834. En l'année 1854 le maire se crut en droit de
revendiquer la propriété de cette parcelle de terrain sur lequel
avait été érigé le calvaire. Afin d'éviter
un procès, le conseil municipal et celui de la fabrique de l'église
firent, le 4 avril 1885, un traité aux termes le conseil de fabrique
céda à la commune le terrain en question, mais à la
charge de la commune d'établir dans le délai de trois mois
à partir de l'approbation préfectorale, qui eut lieu le
24 avril 1885, un nouveau calvaire en tous points semblable à l'ancien
, c'est-à-dire en bois de chêne, de 7 mètres de haut
avec un christ en bois sculpté ou en fonte de fer mesurant 1 mètre
de haut. L'érection et la bénédiction du nouveau
calvaire eut lieu le 15 août 1885.
La Révolution n'avait laissé qu'une seule cloche
à l'église : elle fut cassée par accident vers
la fin de 1849 ; le maire est alors autorisé à procurer
trois cloches à son église. La dépense, 3 337 fr. 60
pour les trois cloches du poids total de 1530 kilogs fut couverte par
la vente de terres communales et par souscription ; elles furent
bénies le 1 juillet 1850 par Joseph-Ferdinand Clin, curé
d'Abbécourt. Le 14 août suivant la petite cloche ayant
été cassée fut remise au creuset ; elle fut
bénite et replacée dans le clocher le 15 décembre
de la même année. En 1892 le dallage fut renouvelé.
L'église d'Abbécourt, orientée de l'ouest
à l'est, dut être construite au XVe siècle
de divers matériaux, grès, pierres et briques ;
elle a subi divers remaniements et ne présente qu'une maçonnerie
lourde, sans importance et sans caractère architectural. La nef
et l'abside sont éclairées par des fenêtres en
arc plein cintre ; le clocher carré et trapu, surmonté
d'un toit pyramidal très bas, est placé dans la partie médiane
de l'édifice.
Depuis l'armistice les offices sont célébrés
dans une baraque chapelle en attendant la construction d'une nouvelle
église sur l'emplacement de l'ancienne.
Le clocher a servi de point trigonométrique
Furent curés ou desservants d'Abbécourt :
Aubry, le 17 sept. 1251 donna au chapitre de Noyon, 6 deniers de
cens que lui avait légués le chevalier Marcel. -- Albéric,
en 1209 (lacune jusqu'en 1421). -- Jean Régnier, 1421 ;
fit une donation à l'église d'Abbécourt. -- Maurice
Quintet, 1461 ; son nom se trouve dans la déclaration
des terres tenues en censives de M. de Châtillon, seign. d'Ognes,
en 1461. -- Demilly, 1550. -- Jean Toutefair, 1565. --
Jean Patté, 1591 : l'était encore en 1621.
-- Louis Camus, 1633 ; fit une donation aux pauvres d'Abbécourt ;
devint chapelain de la chapelle de la Résurrection en l'église
Notre-Dame de Chauny. -- Louis Pardoux, 1665. -- Louis Sauceux,
1668. -- Sagnier, 1674. -- Payart, 1674. -- Nicolas Racine,
1675. -- Jean Devillers, 1676. -- Antoine Manier, 1er
oct. 1676 ; fit une donation à l'église et aux pauvres
d'Abbécourt ; décédé le 8 juin 1761
et fut enterré dans le choeur de l'église du village. --
Pottelet, 1684. -- Antoine Lemaire, 1698-1705 ; fit
construire le presbytère. -- Antoine Landru, 1706-1732 ;
donna 2.000 fr. pour aider à construire le choeur de l'église ;
décédé le 29 nov. 1732, fut inhumé dans la
chapelle St-Sébastien. -- Darcourt, 1732. --
Legrand, 1734 ; devint chanoine de Noyon. -- Louis Ledroit,
1747. -- Louis Legrand, 1759 : fit une dotation de 3.000 fr.
et fit bâtir le choeur de l'église ; devint plus tard
chanoine de Metz. -- Matthieu-Charles Dehem, du 10 janvier 1760
au 7 avril 1781 qu'il mourut à l'âge de 74 ans ; il fut
inhumé sous la lampe du sanctuaire, ainsi que l'indiquait une note
manuscrite maintenue en évidence dans la sacristie ; cette
indication fut vérifiée par une fouille pratiquée
dans le choeur lors du renouvellement de son dallage au mois d'octobre 1892 ;
il était né à Ham le 27 sept. 1707 de Gamaliel Dehem
et de Geneviève Tupigny. Il a laissé la réputation
d'un saint, car on le nomme encore ainsi à Abbécourt. --
Jean-Baptiste Legrand, 1781 ; s'engagea à faire exécuter
au presbytère diverses réparations signalées dans
le devis des experts ; il reconnut avoir reçu de Mlle
Dehem, soeur de son prédécesseur, la somme de 98 livres
pour payer ces réparations évaluées à pareille
somme. -- Hénaux, 1792. -- Deleau Pierre (1796-1797).
-- Pierre Leroy, 1803 ; inhumé dans le cimetière
d'Abbécourt en 1813. -- Jean-François Legrand,
1814 ; fonda une rente annuelle de 50 francs pour les écoles
d'Abbécourt. -- Fruchart, 1816. -- Jean-Baptiste Olivier,
en 1817 ; fut curé de Pouilly en 1817 et mourut curé
de Droisy en 1852. -- François-Thimothée Bonjean,
en 1817, fut curé de Marest en 1818, mourut curé-doyen de
Chauny le 25 février 1843 ; il avait à Chauny une vie
très retirée (Semaine religieuse, année 1890, T XVII,
P. 31). -- Alexandre-François Ducrot, en 1819 ; devint
curé de Voulpaix en 1821 et mourut curé de Travecy le 15
nov. 1878. -- Jean-Marie-Auguste Raimbaut, en 1821 ; nommé
à Fourdrain en 1822, mourut curé retraité à
Soissons le 29 février 1864 ; il avait essayé d'embrasser
la vie des Trappistes, mais l'austérité de leur règle
étant au-dessus de ses forces, il fut obligé de rentrer dans
le diocèse où on lui donna la cure de Condé-sur-Suippes
en 1835 ; sa fidélité à faire observer la
règle prescrite par ses supérieurs pour l'admission des
enfants à la première communion lui suscita une grande difficulté
qui eut pour résultat de relever le mérite et la sainteté
de vie de l'accusé. -- Jean-Baptiste Tévenart, 1822 ;
curé de Lesquielles en 1823, mourut curé-doyen de Fère-en-Tardenois
le 6 déc. 1881. -- Fidèle-Constantin-Joseph Beautour,
1823, curé de Marest en 1824, reprit le desservice d'Abbécourt
de 1830 à 1843, et mourut curé-doyen de Ribemont le 6
nov. 1882 ; se signala par sa sollicitude pour procurer la science
religieuse à ses paroissiens ; il possédait, outre
sa foi chrétienne, une volonté ferme qui ne savait pas
et ne voulait pas savoir les obstacles, aussi rencontra-t-il, à
Ribemont surtout, de longues et puissantes résistances dont il
triompha cependant ; un intéressant Monorime lui fut
offert en 1880 pour ses noces d'or par l'abbé Jardinier. -- Jean-Claude
Clovis, 1824 ; nommé à Clamecy en 1825, puis à
Villers-le-Sec en 1850 où il décéda le 17 fév.
1881 ; il a laissé le souvenir d'un prêtre très
digne et d'un pasteur excellent ; toujours il cultiva la science ecclésiastique,
la Sainte Écriture, la théologie, les auteurs ascétiques ;
il vécut pauvre, mortifié, pénitent. -- Marie-César-Fortune
Lemaire, 1825 ; il fut nommé à la cure de Beaumont-en-Beine
en 1826 et mourut curé-doyen de Vic-sur-Aisne le 6 août 1878
; c'était un homme d'étude et sérieux et tout
en étant homme du monde, d'un grand charme de conversation et de
caractère d'une grande urbanité : il a composé
un ouvrage important : Lettres à un protestant de bonne
foi, Deux apparitions. -- Benoît-Joseph Tatinguet, 1826 ;
fut nommé à Parpeville en 1827 et prêtre habitué
à Chauny en 1873 où il mourut le 19 nov. 1883 ; il était
resté 28 ans à Parpeville ; il n'est pas possible de
dire tout le bien qu'il y opéra, la oeuvres qu'il y établit,
l'élan de piété qu'il y communiqua. -- Jean-Marie-Thomas
Trouvelot, 1827 : nommé en 1828 à La Ferté-Chevresis ;
mourut curé de Camelin le 8 sept. 1881 à l'âge de
78 ans ; ce qui frappait le plus dans ce prêtre c'était
sa piété, son esprit de prière ; il forma sept
prêtres, tous originaires de Camelin. -- Jean-Antoine Tribouilloy,
1828, nommé curé d'Epieds en 1830, mourut curé de Braye-en-Thiérache
le 4 mars 1886 à 82 ans après 56 ans de résidence.
-- Chrétien Jean-Baptiste François, 1830 ; nommé
curé d'Ognes en la même année, il mourut curé
de Coeuvres le 6 sept. 1876 ; était le neveu de l'abbé
Chrétien, ancien curé de Saint-Erme, le fondateur des religieux
de Notre-Dame de St-Erme en 1820. -- Drivy, 1843. -- Ferdinand-Joseph
Clin, 1847 ; nommé curé de Laigny en 1853, mourut
curé de Berlancourt le 20 octobre 1873. -- Deguise Louis Stanislas,
1853 ; quitta Abbécourt en 1856 pour la cure de Marest et mourut
curé de Saint-Christophe-à-Berry le 10 août 1875 ;
avait été curé de Guyencourt en 1830, des Courmelles
en 1837, de Travecy en 1847 ; était né à Genlis
le 3 août 1801 et ordonné prêtre le 18 décembre
1830. -- Joseph Dupont, 1856 ; quitta la cure d'Abbécourt
pour Happencourt en 1857 ; mourut subitement par suite d'une rupture
d'anévrisme sur la berge du canal Crozat le 17 janv. 1882, alors
curé de Quessy ; d'une nature ardente il eut préféré
être envoyé dans les missions étrangères ;
il n'était pas sans talent oratoire ; il est l'auteur des
ouvrages suivants : Mémorial de la vie chrétienne,
vol. in-12 Paris Bleriot 1861 ; Tribulations d'un desservant ;
l'abbé Gerbert ou la Première paroisse ; Contrebrochure
à propos de l'inamovibilité des curés ;
Lettres d'un curé à un cardinal ; Noël
de l'abbé Dupont ; l'Imitation de Jésus-Christ ;
Noir et Violet. -- Joffroy, nommé en 1858, l'était
encore en 1896 ; inhumé dans le cimetière de la commune,
sa tombe porte l'inscription suivante : « Sépulture
des curés d'Abbécourt, à l'abbé Joffroy,
la commune reconnaissante ». --Courroy (1908) -- Jésus,
l'était en 1922.
L'abbé Jean-François-Ignace Décarsin,
né à Abbécourt le 1er fév. 1803,
ordonné prêtre en 1828, fut curé en dernier lieu à
Montfaucon et Amifontaine ; prit sa retraite en 1871 et se retira
à Abbécourt où il mourut le 26 janvier 1876 ;
il légua 100 francs à l'église d'Abbécourt
à charge d'une messe mensuelle à son intention et de procurer
de temps en temps, une mission à sa paroisse natale. On y voit
encore sa tombe dans le cimetière du village.
Une autre tombe porte l'inscription suivante : «
Louis Décarsin, décédé le 25 mars 1878 à
l'âge de 81 ans, bienfaiteur de l'église ».
Église du XVe siècle, remaniée ; pont-canal sur l'Oise, offrant le curieux spectacle de bateaux passant au-dessus de la rivière à une hauteur de 12 à 15 mètres ; rives pittoresques de la rivière du Brouage ; monuments commémoratifs de la guerre 1870-1871 et de celle de 1914-1918.
Dehem Mathieu-Charles et Dupont Joseph, voir la liste des curés. -- Périn Louis-Joseph, né à Abbécourt le 10 septembre 1778, chevalier de la Légion d'Honneur ; ancien grenadier au régiment de la Vielle-Garde : le 3 mai 1826 un compte-rendu a été fait de ses funérailles et éloge funèbre.
La vallée fertile de l'Oise a dû être
conquise par l'homme. L'épaisse forêt de Beine s'étendait
jusqu'à Abbécourt. Quelques lambeaux forestiers en subsistent
encore. Les grands ouvriers du défrichement furent les chanoines
et les moines des établissements religieux qui possédaient
des biens dans la localité. Les conquêtes de la culture furent
remarquables aux XIe et XIIe siècles. Partout
la charrue gagne sur le bois. Au XVIIIe siècle presque toute la
région est en culture. De nos jours les derniers bouquets de bois
succombent devant l'invasion de la betterave, et à côté
d'elle les sucreries, les distilleries se sont multipliées.
De la pulpe de betterave on engraisse le bétail, on
utilise l'engrais pour la bonne tenue des terres ; c'est une source
de gros revenus.
Il y a de nombreux vergers, jardins ; et sous les pommiers,
les poiriers, les pêchers, les pruniers, les cerisiers et autrefois
les noyers, où parfois s'enroulaient des treilles, s'abritent
des récoltes variées qui se succèdent sans relâche,
céréales, betteraves, luzerne, légumes aussi variés
que succulents.
Le pommier est très répandu, tantôt en
vergers clos, tantôt en allées le long des labours ;
il donne l'impression d'un bois dans certains endroits.
Les vastes prairies qui entourent Ognes et Abbécourt
ont permis de tous temps aux habitants de ces villages l'élevage
des bestiaux et des volailles. Les habitants d'Ognes, Abbécourt
et Neuflieux se disputaient le droit de pâturage dans ces prairies
qui produisent un foin renommé. C'est ainsi qu'une contestation
s'éleva entre les paroisses sus nommées au sujet de la
prairie dite la Barre d'Abbécourt dès le XVIe
siècle et ne prit fin qu'en 1849 ; un décret présidentiel
du 25 mai en donna le partage entre les trois communes. Des sentences
analogues de Martin Lengranger et d'Antoine Boullart, maîtres des
eaux et forêts de Chauny, furent prononcées le 15 mars 1510
et 10 février 1529 et en 1530. Une enquête eut lieu devant
le bailliage de Chauny au sujet des droits respectifs des trois paroisses.
La prairie de la Barre d'Abbécourt était plus
proche d'Ognes que de Neuflieux ; au XVIIe siècle
les trois paroisses avaient conjointement le droit de pâturage dans
cette prairie.
En juillet 1619 une déclaration des droits d'usage établit
que les habitants d'Ognes avaient le droit de pâturage jusqu'aux
loges d'Abbécourt et au Fillet et à la fontaine d'Abbécourt.
Un différend surgit entre Ognes et Abbécourt
au sujet du rû du Paradis qui traverse la pâture de la Barre
d'Abbécourt. Une sentence fut prononcée par la justice
du marquisat de Genlis contre les habitants d'Ognes ; cette sentence
fait connaître que le dit rû coulait autrefois dans la pâture
et qu'on a déplacé son cours. Le 7 avril 1753 les habitants
d'Ognes furent condamnés à rétablir l'ancien lit du
rû et à construire un pont sur ce ruisseau.
D'après un arrêt de la cour du Parlement les habitants
d'Ognes avaient le droit incontestable de mener paître leurs bestiaux
en la pâture de la Barre d'Abbécourt. Ce lieu était
dans la paroisse et enclavé dans le dîmage d'Ognes avant
l'érection d'Abbécourt en paroisse, laquelle eut lieu en
août 1265.
En 1358 les habitants de Caillouël semblent avoir eu le
droit de pâture au Motoy, sur le terroir d'Abbécourt ;
les habitants de ce dernier village déclaraient une paturelle
du Motoy en 1630. En 1651 les récoltes furent médiocres
à cause des ravages de la grêle.
Les palmipèdes voyageurs : grues, hérons,
cygnes, canards, sarcelles, etc., s'arrêtent volontiers dans
les prairies marécageuses proches la rivière d'Oise.
Ver le milieu du XVIIIe siècle, la ville
de Chauny pour subvenir aux frais de construction de casernes, consentit,
sur la proposition de l'Intendant de la généralité
de Soissons, à se priver pendant dix années de la moitié
des pâtures communes entre Chauny, Ognes et Abbécourt qui
formaient 150 arpents, ce qui devait produire 1500 livres par an. A cette
époque les trois quarts au moins des habitants étaient
tisserands de grosse toile ou treillis, ou manoeuvres à la journée ;
ils avaient de nombreuses familles et vivaient de la manière la
plus frugale. Quelques-uns étaient laboureurs, mais plutôt haricotiers
que cultivateurs. En 1768 fut fixé le nombre des oies envoyées
dans les prairies d'Abbécourt.
Au IXe siècle on cultivait la vigne à
Abbécourt. Dans la première moitié du XIXe
siècle le chanvre faisait l'objet d'une importante culture dans
le village ; fort et abondant il n'était employé
qu'aux usages domestiques et vendu sur le marché de Chauny. En
1836 il y avait une briqueterie et deux moulins dont un à huile ;
en 1868 une savonnerie.
La population se livre surtout à l'agriculture et à
l'élevage ; elle comprenait en 1914 : 12 cultivateurs,
1 marchand de bestiaux, 10 aubergistes-épiciers dont deux débitants
de tabac, 1 boucher, 2 boulangers, 1 marchand de charbons, 2 charcutiers,
2 cordonniers, 1 maréchal, 3 menuisiers, 1 bourrelier, un matelassier,
1 coiffeur, 6 rentiers, 1 briquetier, 1 fabricant de sucre.
Fête patronale le dimanche après le 24 juin ; patron Saint-Jean-Baptiste ; ce vocable est celui de saint Jean-Baptiste mort vers l'an 31 et qui baptisa Jésus-Christ ; c'est sa nativité qui est célébrée le 24 juin. -- Superficie : 593 hectares. -- Revenus : en 1836, recettes ordinaires 1750 francs, dépenses ordinaires 1500 francs ; revenus en 1871, 4928 francs ; la location de la chasse des biens communaux (46 hectares) se fait annuellement en la mairie. -- Contributions foncières en 1836, 3894 fr. au principal. -- Perception: d'Ognes en 1814 ; de Chauny en 1832 ; de Béthancourt en 1860 et en 1914 ; de Villequier-Aumont en 1922. -- Poste et gare de marchandises à Chauny à 5 kilomètres. -- Poste auxiliaire d'Abbécourt : télégramme restant à l'écluse. -- Télégraphe à Manicamp, à 4 kilomètres. -- Halte de voyageurs, grande vitesse, colis postaux gare, ligne de Paris à St-Quentin et Feignies, à 120 kilomètres de Paris, à 4 de la station de Chauny, à 3 kil. 400 de Manicamp. Une école publique ; au commencement du XVIIIe siècle la maîtresse d'école touchait 66 livres tant de l'église que de la commune, en 1741 la soeur d'école touchait 30 livres de la cure, 40 de la commune et 30 que lui payait la Sainte-Famille de Noyon par fondation de M. de Théis, doyen, ancien chanoine, et un logement fixe ; l'abbé J.-B. Legrand fonda en 1826 une rente annuelle de 50 francs pour l'instruction des enfants pauvres ; en 1836 il y avait une école communale de garçons avec 60 élèves, des filles avec 45 élèves. -- Paroisse succursale, érigée en août 1265. --Mesures locales : comme mesures agraires Abbécourt faisait usage de celles de Chauny ; le setier de 52 verges carrées valait 24 ares 19 centiares ; la faux pour les prés 104 verges carrées ; la verge équivaut à 47 centiares ; 1 mancaud, 4 quarterons ; comme mesure de capacité le muid de blé représentait 2 hectol. 45 litres. -- Sociétés, oeuvres : subdivision de sapeurs-pompiers, 27 hommes en 1854, Morcrette, sous-lieutenant ; 16 hommes en 1914, Hallade Désiré, sous-lieutenant ; non reconstituée en 1922 ; Compagnie d'arc ; le jeu ou jardin est situé non loin de la halte de chemin de fer à droite du chemin qui mène à Neuflieux ; Bureau de bienfaisance ; Adrien de Hangest, seigneur de Genlis et d'Abbécourt, cédait le 12 novembre 1500 aux pauvres d'Abbécourt 7 quarterons de pré dans la prairie du même lieu moyennant un cens annuel de 2 sols parisis et une poule payés le jour de Noël ; au commencement du XVIIIe siècle les pauvres jouissaient de 200 livres, en 1720 de 140 livres, en 1748 de 171 livres. Voici l'état de biens et revenu des pauvres au 21 février 1770 : une pièce de terre plantée en bois proche d'Ugny, donnée par Isabelle, dame d'Abbécourt en 1264 ; la moitié d'une maison avec étable et grange près de l'église ; cette maison servait de logement gratuit à la maîtresse d'école des filles laquelle touchait pour son traitement annuel 30 livres de l'église, plus 24 livres des religieuses de la Saint-Famille de Noyon, fondation faite par Nicolas Landry, ancien curé d'Abbécourt, par son testament du 1er sept. 1729. Moyennant ce traitement la maîtresse instruisait gratuitement toutes les filles de la paroisse ; un setier de terre, moitié d'un jardin appelé le jardin des pauvres d'Abbécourt, tenant à la petite rivière qui flue au moulin ; sept quartiers de pré à Abbécourt, lieudit la Fosse ou les Alloyaux, donnés à titre de cens annuel de 2 sols et une poule par Adrien de Hangest, seigneur d'Abbécourt, suivant acte du 12 novembre 1500 ; un setier de terre au lieudit le rû Vigny. Les pauvres percevaient une rente annuelle de 7 livres. Les héritiers de Simon, Jean et Antoinette Poittevin, une rente annuelle de cinq livres constituée par Alexandre Quierrie par contrat du 2 décembre 1707 ; un surcens foncier de 4 livres constitué sur une maison et dépendances à Abbécourt, fondé le 2 juillet 1652 ; soit un revenu total de 144 livres 5 sols, sur lesquelles il y avait à déduire 89 livres de dépenses; Antoinette Le Gay en 1546 ; l'abbé Louis Camus en 1633 et l'abbé Antoine Magnier en 1686 firent des dons aux pauvres ; en 1903 l'abbé Geoffroy légua 3000 francs au Bureau de Bienfaisance ; en 1830 il faisait partie des bureaux secondaires dont les revenus ne s'élevaient pas à 500 francs, était administré par le maire, le desservant et un membre du Conseil Municipal, et ses comptes réglés par le Conseil de Préfecture ; Clairons et Trompettes (Société de).
En 1687, 100 feux ; en 1741, 100 feux ; en 1750, 93 feux ; en 1760, 52 feux ; en 1800, 554 hab. ; en 1818, 594 hab. ; en 1826, 690 hab. ; en 1832, 685 hab. ; en 1836, 662 hab., dont 69 électeurs ; en 1856, 660 hab. ; en 1861, 657 hab. ; en 1868, 692 hab. ; en 1872, 700 hab. ; en 1876, 654 hab. ; en 1885, 635 hab. ; en 1895, 669 hab. ; en 1904, 650 hab. ; en 1911, 615 h. ; en 1914, 692 h. ; en 1916, 415 h. ; en 1921, 438 h
.
La Porcherie ; autrefois petit hameau qui n'est plus aujourd'hui qu'un écart situé au nord-est du village sur la route nationale n° 38 ; il devait son nom à une porcherie qui y fut jadis établie.
Le Canal, en bordure du canal de Manicamp. -- La Fabrique, ancienne fabrique de sucre, au-dessus de la route nationale sur le chemin de Neuflieux. -- La Châtellenie, au nord-est du village, vers la route nationale. -- Le Tordoir, autrefois moulin à huile, puis fabrique de sucre.
Le Breuil ; Bruillium ; Brolium, au XIIIe siècle ; depuis longtemps détruite ; elle était située entre la route de Noyon à La Fère et le chemin d'Abbécourt à Ognes, à proximité du rû Pontoise ; breuil, en terme d'eaux et forêts, se dit d'un bois taillis ou buisson fermé de murs ou de haies dans lequel les bêtes ont l'habitude de se retirer.
Une obligation qui eut à l'origine sa raison d'être,
mais qui, avec les progrès de la civilisation, devint bientôt
intolérable, était celle de faire moudre son blé
au moulin seigneurial, de faire cuire son pain à son four, de presser
ses raisins ou ses pommes à son pressoir.
Autrefois, les seigneurs possédant seuls les ressources
nécessaires pour la construction de ces moulins, fours, pressoirs,
rendaient de véritables services aux paysans, en leur permettant
de s'en servir, moyennant rétribution. Bientôt, ils s'arrogèrent
le droit d'être seuls possesseurs de moulins et défendirent
à qui que ce fût d'en élever, sans leur permission,
sur leurs propriétés.
Chaque moulin avait sous sa dépendance une certaine
circonscription, appelée son ban ; de là
l'expression de moulin banal. Tous ceux qui habitaient le territoire,
appelés banniers ou moutiers, étaient tenus
de faire moudre leur blé au moulin. Les peines les plus rigoureuses
atteignaient ceux qui cherchaient à se soustraire à cette
obligation. Le délinquant se voyait alors confisquer le blé,
la farine, quelquefois le cheval et la voiture.
Pour s'indemniser des frais de construction, d'entretien du
moulin, le seigneur percevait plusieurs droits de moute et de
farinage. Ordinairement ces droits se payaient en nature, c'était
le plus souvent une partie du blé ou de la farine apportée,
tantôt la seizième, tantôt la dix-neuvième,
ou la vingt-cinquième partie.
Dès le XIIe siècle il est fait mention
d'un moulin établi à Abbécourt ; c'est ainsi
que Geoffroy Martel, seigneur du lieu donnait en 1154 à l'abbaye
de Saint-Eloi-Fontaine, un muid de blé et deux services de poissons
de rente sur le moulin d'Abbécourt, honoraires de messes
à célébrer pour le repos de l'âme de sa femme
Isabelle.
En 1618 la liberté de l'eau de la rivière d'Oise
fut réclamée par Gilles Brulart, seigneur de Genlis,
en qualité de seigneur d'Abbécourt et propriétaire
du moulin banal de ce village, contre Simon Favry, meunier à
Chauny.
En 1621 une vente fut faite de récoltes saisies sur
Lemaire, meunier à Abbécourt ; en 1667 payement fut
effectué du loyer du moulin banal au seigneur du village et un état
du niveau des moulins de la paroisse. En 1684 eut lieu une adjudication
des réparations à faire pour maintenir les eaux de la
rivière d'Oise de façon à ne pas incommoder les
moulins d'Abbécourt. Le 13 décembre 1689 décédait
le meunier Nicolas Marcq.
Les habitants d'Ognes étaient dans l'obligation
d'aller moudre leurs grains au moulin banal d'Abbécourt, situé
sur la rivière du Brouage. Les habitants d'Ognes firent appel devant
la justice de La Fère d'un jugement rendu par Claude Lescareux,
second échevin de la justice du marquisat de Genlis, au sujet
de la banalité du moulin d'Abbécourt. Les habitants prétendaient
que « la bannalité estante une servitude, il faut absolument
un titre pour l'établir, qu'elle ne peut s'établir par
la possession, fut-elle immémoriale, parce qu'en matière
de servitude la possession ne peut jamais faire un titre, et qu'en cette
matière, il n'y a ny complainte ny action sur la possession, à
moins qu'elle ne soit soutenue d'un titre ; tel est le droit du
royaume et qu'ils ont été de tout temps moudre leurs grains
ou il leur a plus » (2 avril 1772).
Il y avait plusieurs moulins de quelque importance établis
sur l'Oise et sur la nauelle du Brouage, au commencement du XVIIe
siècle ; à cette époque le moulin d'Abbécourt
chômait à cause des moulins de Chauny. En 1761 en était
fermier Pierre Hain, marguillier en charge de la paroisse.
Un moulin à vent était établi près
de la route de Noyon à La Fère et du chemin menant à
Neuflieux.
Le plan cadastral d'Abbécourt a été
terminé le 15 novembre 1828 sous l'administration de M. Tourneur,
maire. Il se divise en SECTION A dite de la Voie Briquette,
occupant la partie septentrionale du terroir ; SECTION B, dite
des Moyers, comprenant le village et la partie occidentale ;
SECTION C, dite de la Barre, au nord-est du village, bornée
au sud par le Brouage, à l'ouest par le rû Pontoise ;
SECTION D, dite de la Grande Pâture, entre le canal et l'Oise.
SECTION A. -- Au chemin de Caillouël, traversé
par le chemin de ce nom. -- Entre la Voie Briquette et le chemin
de Caillouël, au nord du terroir de la commune. -- La Voie
Briquette, traversé dans toute sa longueur par le chemin de
ce nom. -- La Voie pallée ou Voie palée, bordant
une partie de ce chemin antique qui, passant à Condren à
Viry, au nord de Chauny, entre Neuflieux et Abbécourt, à Caillouël
et Crépigny, aboutissait à Noyon par Baboeuf et Salency :
d'après Peigné-Delacourt palée doit rappeler
le procédé qui consiste à capturer le gros gibier,
analogue à celui connu sous le nom de chasse à la haie.
-- Le loup pendu ainsi appelé parce qu'un loup, capturé
à cet endroit pendant un hiver rigoureux, fut pendu à un arbre
de ce lieudit situé en bordure de la voie palée; la borne
du Loup pendu servait dès 1228 à limiter les dîmages
des abbayes Saint-Barthélémi de Noyon et de Saint-Eloi-Fontaine ;
Notre-Dame de Chauny y possédait 5 quarterons de terre au commencement
du XVIIe siècle il existe une curieuse légende
sur ce lieudit mais nous n'avons pu la recueillir. -- Le bon pont ;
borné par la voie palée à l'extrémité
nord et traversé par le chemin de Caumont ; un lieudit de Caumont
voisin de celui-ci s'appelle La Pâture de bon pont (parce que
pour s'y rendre on traverse un bon pont établi sur le rû Pontoise.
-- En dessous le bon pont. -- La Planquette, borné par
le rû Pontoise et traversé par le chemin de Caumont ; planquette
est le nom donné à un passage étroit pour la traversée
d'un rû. -- Les Pleins ou les Plains, de planus,
égal, plat, rase campagne, ou place publique, d'après
Ducange ; entre le Loup pendu, la voie Palée au nord et la
route n° 38 au sud. -- La Fosse Damet ; la Fosse Damache au
XVIIIe siècle ; entre la voie Palée et La
Garenne, traversé par le chemin de Béthancourt ; le mot
fosse indique un terrain creux ; Notre-Dame de Chauny, au commencement
du XVIIe siècle, y percevait du blé et de l'avoine
sur des terres de ce lieudit.-- Le Champ Mignoux ; Le Champ Nicou
au XVIIe siècle ; entre le chemin de Caillouël,
le rû Vigny, la Croisette et le Gravier ; Notre-Dame de Chauny
y possédait 3 mancauds de terre au XVIIe siècle.
-- Le Gravier, nom donne aussi au rû Vigny ; borné
au sud par la route n° 38. -- La Croisette, borné au sud
par la route n° 38 ; le chemin de Caillouël et la Voie Briquette
s'y croisent d'où le nom donné à ce lieudit.
-- La Garenne, entre les chemins de Caillouël et de Béthancourt ;
rappelle le souvenir du droit de chasse réservé à
des seigneurs sur une partie du terroir. L'abus des garennes dans la moindre
gentilhommerie amena de tels ravages dans certaines contrées, que
des disettes s'ensuivirent. Le nombre des procès intentés
à ce sujet contre les seigneurs par les communes est incalculable.
Les parlements finirent par écouter les plaintes si justes des paysans
et créèrent quelques règlements pour restreindre le
nombre des garennes, ou les supprimer. Souvent le seigneur ne consentait
à cette suppression que moyennant une nouvelle redevance en argent
de la part des habitants. -- Le moulin chevreuil ou plutôt
le Moulin Chevreux ; pistrinum Severi; Moulin Severous, en 1164 ;
Molinseverens, en 1233 ; Molincevreux, en 1320 ;
Moulin-Sevreux, en 1368 ; Moulin-Sevrex, en 1378 ;
Moulins-Sevreux, Molins-Sevreux, au XIVe siècle;
Molinseureux, en 1490 ; Molin-Severeux, en 1581 ;
Mouslin-Chevreux, en 1609 ; Moslin-Chevreux, en 1626 ;
Molin-Chevreulx, en 1634 ; Moulin-Heureux, dans le Dictionnaire
d'Expilly ; ancien hameau d'Ognes détruit au XVIe
siècle par les guerres de cette époque ; borné
à l'est par le rû Pontoise et traversé par le chemin
vert ; le mot pistrinum indique que ce moulin était actionné
par des animaux. - Le Chemin Vert, traversé par le chemin de
ce nom et borné par la route n° 38 ; on donne le nom de chemin
vert aux voies larges et plates établies par les rois mérovingiens
et aux chemins de terre traversant les champs.--La Fontaine Maronne,
nom d'une source qui tarit une partie de l'année ; touchant
au rû Pontoise et à la route n° 38.
SECTION B. - Les Moyers; moyer ou moié, ancienne
mesure agraire valant dix setiers ; au sud du chemin de Béthancourt
et borné à l'ouest par la route n° 38. -- La Tombelle,
en dessous des Moyers en bordure de la route nationale n° 38 ;
tombelle, butte conique élevée de main d'homme,
remontant à une haute antiquité, et qui servait de sépulture
ou de moyen de signaux. -- Le bas des Moyers, borné par
le chemin de Marest. -- Les hayes Bédières, entre
la rue de la Croix et le chemin de Marest ; haye, de haya, mot
d'origine celtique, signifiant bois de petite futaie. - Rue de la
Croix, nom d'un chemin à l'entrée du village à
l'intersection du chemin d'Ognes et de Bichancourt. -- Rue de la Barre,
du nom de la prairie qui l'avoisine. -- Rue Mortuaire. -- Rue du
Tertre. -- Rue des Fossés. -- Rue du Riez, dans le village ;
riez signifie terrain inculte. -- Derrière la rue du
Riez. -- Le Courty Edmond ou Courtil Edmond ; courtil, petit
jardin clos de haies attenant à une maison de paysan ; au
sud du village proche la rue du Tertre. -- La Couture, signifie
la grande culture ; entre le chemin Fumy et le village. -- Le
beau Robert, entre le jardin des Anglais et la Couture. -- Le Jardin
des Anglais ; borné à l'est par le champ Setier ;
ce nom d'Anglais ne rappelle-t-il pas l'époque des invasions
anglaises ? -- Le Champ Setier, s'étendant jusqu'au
canal ; setier, ancienne mesure agraire, (voir MESURES LOCALES).
-- Le Champ Fumy, entre les chemins de Fumy et de Marest. -- Le
Champ Cornu, de biscornutus, biscornu. -- La Forrière
Nizard ; forière, lisière de terre qui forme la
ceinture des champs. -- Terre du Montoir ; Motoy, en 1358 ;
borné par le chemin de Marest. -- Pré l'Hôtesse entre
l'Oise et la Forrière Nizard. -- L'Osier, terrain humide
où croissent les saules. -- Prés de la Forrière
Nizard, entre l'Osier et les Terres du Montoir. -- Les Gros Prés,
borné au sud par le rû Vigny. -- Les Fossés,
borné par le chemin de Fumy et du Riez ; ce lieudit tire son
nom de fossés d'assèchement. -- Les Arroyots ou les
Alloyaux ou la Fosse ; alloyaux, corruption de allodial,
pièce noble, bien possédé en franc alleu ; les
pauvres d'Abbécourt y possédaient encore au XVIIIe
siècles donnés par Adrien de Hangest, seigneur du lieu, le
12 novembre 1500. -- Les Terques ou le Terq, ce nom ne serait-il
pas un corruption de tertre ou bien indique-t-il une terre glaiseuse, collante ?
-- La Béquette ou la Boquette, diminutif de boscus,
bois. -- Le rû Vigny, borné à l'ouest par le ruisseau
de ce nom, proche le canal ; le mot vigny rappelle la culture
de la vigne ; les pauvres d'Abbécourt possédaient au
XVIIIe siècle un setier de terre dans ce lieudit. --
L'Hermillan. -- Les faulx Sèches, borné par
le canal et le rû Vigny. -- Les Langres, en bordure du canal.
-- Vers d'Ermigny, borné par le canal, près de la rue
du Riez.
SECTION C. -- Entre les deux Cavées, c'est-à-dire
entre les chemins creux, appelés cavées, dans
toute la région , menant d'Abbécourt à Caumont
et à Béthancourt. -- Les Peupliers, borné par
les chemins de Béthancourt et d'Ognes. -- La Châtellenie,
entre la route n° 38, le chemin de Caumont et celui d'Ognes. -- Le
Paradis, à la limite d'Ognes entre le chemin y conduisant
et le rû Pontoise appelé aussi rû de Paradis. -- Pâture
de la Barre, entre le rû Pontoise, le chemin d'Ognes, le village,
la rivière du Brouage et la limite d'Ognes ; contenait jadis
170 setiers de superficie ; jadis dénommé en la
Baort, la Barre au XVIIe siècle ; en ce lieu
existait une maison appartenant à Mlle Isabelle de
Lescluse sur laquelle elle laissa 8 sols parisis au curé de St-Martin
de Chauny par acte du 22 juin 1477 passé à Chauny devant
Nicolas Le Feure, tabellion ; le nom de Barre donné
jadis à cette partie du territoire d'Abbécourt, protégée
à l'est et au sud par des cours d'eau, indique qu'à cet endroit
se trouvait un point fortifié pour défendre l'entrée
ou l'approche du village contre les incursions ennemies ; par la suite,
le terrain, important à conserver, devait appartenir exclusivement
à Abbécourt. Comme conséquence de ce droit de propriété
on comprend qu'un calvaire ait été élevé en
1770 rue de la Barre peut-être à titre de souvenir de quelque
événement, et que pour remplacer ce petit monument un
nouveau calvaire ait été érigé et béni
le 15 août 1885 au même endroit. -- La pâture à
Chanvre, dont le nom rappelle la culture du chanvre (voir AGRICULTURE) ;
entre le canal, la rivière du Brouage et borné du côté
d'Ognes par un fossé de dessèchement. -- Le Montisel ou
le Montinot ; en bordure du canal. -- Les Champs, au sud-est
du village vers le canal. -- Le Château voir (CHÂTEAUX)
-- Rue Pierreuse, proche l'église. -- Rue du Moulin,
traversé par la rue de ce nom, à l'est et près de
l'église. -- Rue du Sac, au sud et près de l'église.
-- Sous la rue du Riez ; au sud du village. -- Les Requêtes
, au sud du village ; requête, nouvelle quête, nouvelle
chasse que l'on fait à la bête quand on est en défaut
(terme de vénerie).
SECTION D. -- Le Port ou la Grande Pâture,
dans une boucle de l'Oise, au sud du canal, à la limite de Bichancourt.
-- Le Grand Platier, ou le plattier, entre le canal, l'Oise,
et le chemin du clos Quétaux à la limite de Chauny ;
platier, partie de l'Oise où se trouve un gravier épais
qui ne permet que le passage d'une lame avec écoulement rapide.
-- Le Pas des Gouas, borné au nord par les Grands Prés
et au sud par l'Oise. -- Les Grands Prés, entre le canal
et le Pas des Gouas. -- Le Pré des Cloches, formé
par une île de l'Oise entre le canal et les commune de Marest et
de Manicamp ; pièce de pré jadis plus connue sous le
nom de Pré de ch'clerc qui rappelle l'usage de sonner l'angélus,
car c'était autrefois le maître d'école ou le sous-clerc
qui était chargé de sonner l'angélus. -- L'Epinette,
de spinetum ; entre le canal et l'Oise du côté
de Manicamp. -- Ile d'Abbécourt ou île d'Aumale ;
île de l'Oise du côté de Marest et de Manicamp. -- Les
Rondes, entre le canal, l'Oise et l'Epinette. -- Le Jardin Cornet,
entre le canal et l'Oise, du côté de Bichancourt.
Ne figurent pas sur le cadastre les noms suivants : La
Fontaine de la Barre. -- Le Grand Cavin ; cavin
indique une profonde entaille naturelle ou artificielle pratiquée
dans le sol. -- Le large d'Abbécourt, au port du canal. --
Le Pont d'Abbécourt, au canal. -- La Fausse Barre.
-- Le Canal. -- Le calvaire d'Abbécourt, voir Pâture
de la Barre. -- La Courbe Saint-Nicolas, près du canal.
-- Le Breuil voir (FERME). -- La Barrière du chemin de
fer.
Ces lieudits sont connus traditionnellement ou insérés
dans des actes anciens. On voit combien la liste des lieudits pourrait
s'étendre, et dans chaque pays combien serait grand le nombre
d'indications nouvelles qui sortiraient de cette source si l'on prenait
la peine de recueillir les témoignages.
Le rû de Pontoise ; Pontoliæ ;
Pontoiles en 1258 ; Ponthoilles, en 1334 ; Ponthoile,
en 1750 ; ou ruisseau de Commenchon, ou rû de
Paradis, prend sa source à Commenchon ; sépare
Ognes d'Abbécourt, court vers l'ouest et se jette dans le Brouage,
au sud du village. -- Brouage (le) ; Petite Oise, en
1533 ; Petite Oize, en 1534 ; rivière d'Ognes ;
dérivation de l'Oise prenant naissance à Chauny, se jette
dans l'Oise à Abbécourt après un parcours de 4650
mètres. -- Rû de Vigny ou rû des Graviers ou
ruisseau de Marest-Dampcourt ; prend sa source à l'ouest
de Béthancourt, traverse le terroir de Neuflieux dans sa partie
sud-ouest et se jette dans l'Oise après avoir séparé
les communes d'Abbécourt et de Marest. L'Oise ; à
partir de Chauny jusqu'à son embouchure dans la Seine, l'Oise
est navigable depuis des siècles, mais elle n'offrait à
la navigation que des eaux variables et peu profondes, des rapides et
des entraves de toutes espèces qui la rendaient souvent dangereuses.
Depuis 1810, date de l'inauguration du canal de Saint-Quentin, jusqu'au
jour où le gouvernement porta toute son attention sur les moyens
de perfectionner et de multiplier le système de notre navigation
intérieure, l'Oise n'avait reçu en aval de Chauny, d'autres
améliorations que l'établissement de quelques pertuis et
postérieurement du barrage éclusé de Sempigny, destiné
à relever les eaux dans la partie supérieure de la rivière.
Ce barrage n'ayant pas donné entière satisfaction, on décida
en 1819, c'est-à-dire un an à peine après son achèvement,
la construction du canal de Manicamp.
Canal de Manicamp. -- Une ordonnance du 29 septembre
1819 prescrivit l'ouverture en ligne droite d'un canal partant de l'écluse
de Chauny, la dernière du canal de Saint-Quentin, pour aboutir
dans l'Oise au-dessous de Manicamp. Cette ordonnance reçut à
peine un commencement d'exécution et ce n'est qu'un an après
que les travaux furent repris et dés le 21 octobre 1822 le canal
était livré à la navigation. Son moindre avantage
est d'abréger de trois kilomètres le trajet en rivière.
Les frais de premier établissement de ce canal se montèrent
approximativement à 300.000 francs. La longueur du canal, depuis
le garde-radier de l'écluse de Chauny, où il commence,
jusqu'au parement du mur en retour de l'ancienne écluse de Manicamp
est de 4.851 mètres. En 1847 le canal a été parcouru
sur toute sa longueur par 959.981 tonnes de marchandises, en 1850 par
838.000, en 1862, par 1.446.000 et en 1863 par 1.518.000 tonnes.
Canal de l'Oise à l'Aisne, de l'écluse
d'Abbécourt à Bourg-et-Comin, commencé en 1879,
inauguré en 1890, longueur 48 kilomètres ; il abrège
la route du Nord vers l'Est (Reims-Nancy) ; longe l'Ailette en grande
partie et rejoint le canal de Manicamp à Abbécourt :
il passe au-dessus de l'Oise dans un conduit construit en tôle reposant
sur des piles ; il offre ce curieux spectacle de bateaux passant au-dessus
de la rivière. -- Ce canal, où passaient en moyenne tous
les jours en 1909, tant en amont qu'en aval, une trentaine de bateaux,
c'est-à-dire près de 11.000 par an, a coûté
plus de 30 millions ; halage électrique. -- Port important
au point de jonction des canaux de Manicamp et de l'Oise à l'Aisne ;
société de halage du Nord-Est.
Xanthium strumarium ; Tussilago petasites ; Phallus impudicus ; dans les lieux ombragés : Daphne aureola ; Scrophularia vernalis ; Hypericum humifusum ; Osmunda regalis ; dans les prairies : Cirsium anglicum.
Hontonval ; Hautonval, au XVIIIe
siècle ; appartenait à l'abbaye de Saint-Bertin de Saint-Omer ;
un plan en fut dressé au XVIIIe siècle. --
D'Avila, au sud du village.
Ce sont des vestiges de l'antique forêt de Beine qui
couvrait la rive droite de l'Oise, alors que sur la rive gauche se trouvait
celle de Quierzy, laquelle s'étendait entre l'Ailette et le chemin
de Blérancourt à Noyon et célèbre par les
séjours et les chasses qu'y firent les rois des deux premières
races.
Les peupliers sont assez nombreux sur le terroir de la commune ;
chaque année, au mois de juillet il est procédé
en la mairie à une vente de ces arbres ; on y rencontre également
des chênes, charmes, bouleaux, aulnes, saules.
Le fief était une terre concédée
par un seigneur dominant à un autre moins puissant, appelé
vassal, moyennant certaine obligation honorifique, militaire ou judiciaire.
On distinguait des fiefs de toute espèce, fief dominant, fief de
haubert, fief de corps, entre lesquels étaient établis
une sorte de hiérarchie très bien réglée. Dans
tous, le possesseur était tenu à l'hommage envers son suzerain,
il devait obéir à son ban (convocation) et lui fournir un
homme d'armes. Les ecclésiastiques eux-mêmes, auxquels il
était défendu de porter les armes, envoyaient à leur
place un avoué. Les arrières-fiefs étaient
des fiefs moins importants sous la dépendance des grands fiefs.
Dans toutes ces terres, grandes ou petites, il y a toujours deux parts,
l'une que le possesseur garde pour son exploitation et qu'il partage entre
les laboureurs chargés de cultiver chacun leur parcelle à
certaines conditions ; l'autre, qu'il donne en fief à son vassal,
lequel pourra agir de même, jusqu'au dernier de ses arrière-vassaux.
Fiefs d'Abbécourt dont nous avons pu relever les noms ;
de Prémont, Petrosus mons, pierreux, rocheux. -- Le Cavet,
de cavea, excavation. -- De Sauchelles ou des Sauchelles ;
un dénombrement en fut fait en 1581. -- Le Taconnet ;
un dénombrement en fut fait en 1581 ; il appartenait au
séminaire de Noyon au XVIIe siècle ;
un bail en fut établi en 1781. -- De Baraille, signifiant
querelle, dispute ; vassal de Genlis. -- Bourgemont. --
De Saint-Médard, du nom de l'abbaye dont les seigneurs
d'Abbécourt relevaient ; ce fief était tenu en 1547
par Guillaume de Faucilloy. -- De la Barre voir (LIEUDITS.)
Une maison et dépendances tenant à la ruelle
de la Couture, formaient un fief relevant de la seigneurie d'Abbécourt ;
le 13 juin 1746, en leur qualité de possesseurs de cette maison,
les héritiers Iverlet se reconnaissaient débiteurs d'un
cens annuel de 16 sols 6 deniers parisis au profit des religieux des Célestins
de Saint-Trinité de Villeneuve, près Soissons.
Des fiefs d'Abbécourt appartenaient à l'abbaye
d'Ourscamp. L'administrateur de l'Hôtel-Dieu de Noyon comparut
le lundi 5 octobre 1609 en l'Auditoire royal de Chauny lors de la rédaction
et la réformation de la coutume de cette ville, à cause
des terres et fiefs situés à Abbécourt.
Jadis la principale maison du village, celle qui se montrait
la première, s'annonçait comme la souveraine de toutes
les autres, humblement rangées au-dessous d'elle, c'était
le château. Le château féodal a changé bien
souvent d'aspect, aux différentes époques de notre histoire ;
chacune de ses transformations est comme un reflet des moeurs et des
nécessités des siècles. Son histoire est liée
à l'histoire même du pays. Le château peu à
peu désarmait, comme son maître.
C'était dans les châteaux que se donnaient ces
fêtes superbes, ornées d'un appareil si poétique,
joutes chevaleresques, tournois, cours d'amour, dont le souvenir
réveille encore en nous de si riants souvenirs. C'était encore
dans la cour du château qu'aux jours de fêtes les manants
venaient danser gaiement des rondes champêtres sous les yeux de
leurs maîtres, qui prenaient part à leur joie, quelquefois
même à leurs plaisirs.
Le château d'Abbécourt était habité
en 1641 par Pierre Grévin, receveur des bailliages en l'élection
de Saint-Quentin. La duchesse d'Harcourt, femme du duc Henri, y logea
en 1702. La ville de Chauny offrit alors à cette dame un gâteau
et six bouteilles d'hypocras, vin de liqueur dans lequel il entrait
du miel, des épices et des aromates d'Asie. C'était un
des plus estimés des vins mélangés d'épices
que l'on recherchait au Moyen-Age.
Le château, situé près de la voie ferrée
à l'est du village, baigné à l'est et au sud par
le Brouage et à l'ouest par le rû Pontoise, a été
détruit pendant la Grande Guerre.
Martel (Geoffroy), chevalier, seigneur d'Abbécourt de 1154 à 1157. Femme : Isabelle ; enfants ; Gérold ; Elisabeth, femme de Guy d'Autrèches.
Gérold, seigneur d'Abbécourt en 1164.
Raoul, chevalier, seigneur d'Abbécourt en 1186 ; aumôna en 1192 aux religieux de Longpont une terre située au-dessus de Béthancourt, nommée le Champ de Mortel.
Martel ou Marcel, chevalier, seigneur d'Abbécourt de 1200 à 1214. Femme : Béatrix Cosset ; enfants ; Dreux ? Jean ? Isabelle. En 1201 conjointement avec Gui, châtelain de Coucy, reconnut mal fondées ses prétentions à l'avouerie de Caumont et de Nampcel.
Dreux, seigneur d'Abbécourt en 1216.
Jean, seigneur d'Abbécourt en 1230 ; il fut accusé de meurtre et condamné à aller guerroyer en Terre Sainte.
Enguerrand, seigneur d'Abbécourt en 1233. Femme : Mélissende; mère : Neudiarde.
Guy d'Autrêches, était seigneur d'Abbécourt en 1238.
Offémont (Marie d'), dame d'Abbécourt en 1262.
Isabelle, dame d'Abbécourt de 1264 à 1268. Enfants : Marie, femme d'Ansoul, chevalier d'Offémont ; Emmeline, femme de Florent de Potes, seigneur d'Abbécourt.
Isabelle choisit pour lieu de sépulture l'abbaye d'Ourscamp à laquelle elle légua 16 muids de terre plantée en bois, située à Ugny-le-Gay.
Potes (Florent de ), chevalier, seigneur d'Abbécourt de 1284 à 1285. Femme : Emmeline, fille d'Isabelle, dame d'Abbécourt. Il confirma la vente faite par le sire d'Offémont à l'abbaye d'Ourscamp des terres, vignes, cens et justices d'Abbécourt, de Béthancourt et d'Ognes.
Folloy ou Fouilloy (Simon de), chevalier, seigneur d'Abbécourt de 1293 à 1348.
Folloy (Jean de), fils de Simon, chevalier, seigneur d'Abbécourt de 1348 à 1355.
Folloy (Pierre de), seigneur d'Abbécourt en 1370.
Folloy (Willelme de), était seigneur d'Abbécourt et d'Ognes en 1376.
Hangest (Jean III de), seigneur de Genlis en 1390, de Magny, de Hugleville, d'Abbécourt en 1405 ; gouverneur de Boulogne-sur-Mer, de Noyon, de Compiègne, de Chauny en 1411 ; chambellan du roi Charles VI ; se trouva à la bataille Nicopolis en 1396 ; mort le 21 février 1421.
Hangest (Jean IV de), seigneur de Genlis et d'Abbécourt en 1441 ; conseiller et chambellan du roi. Ayant porté les armes contre le roi, il fut gracié en 1476.
Hangest (Jacques de), seigneur de Genlis, d'Abbécourt en 1490, d'Ognes en 1495 ; il mourut le 13 mars 1500.
Hangest (Adrien de), fils de Jacques ; seigneur de Genlis, d'Abbécourt en 1501 ; chambellan ordinaire, gouverneur du Louvre et grand échanson de France, bailli et capitaine d'Evreux ; mourut le 15 octobre 1512.
Hangest (Jean IV de), fils de Jacques ; évêque de Noyon en 1525 ; seigneur de Genlis en 1553 ; d'Abbécourt, de Viry et de Béthancourt ; mourut le 4 février 1557.
Hangest (François II), fils d'Adrien ; seigneur de Genlis, de Viry, d'Abbécourt ; colonel général de l'infanterie française, écuyer ordinaire de l'écurie du roi, capitaine du château du Louvre en 1543, bailli et gouverneur de Chauny en 1560. Ayant fait adhésion publique à la Réforme il prit part aux guerres de religion et mourut, on ne sait trop comment, en 1569.
Hangest (Jean de), dit Jean d'Ivoi ; frère puiné de François II ; grand maître de l'artillerie de France ; seigneur de Genlis, de Viry, d'Abbécourt. Il fut de tous les méfaits et de tous les insuccès des réformés. Surpris par le duc d'Albe au siège de Mons (1570), il est fait prisonnier. Le lendemain on le trouvait étranglé dans son lit.
Brulart (Pierre), chevalier, baron de Crosne, dit le capitaine de Crosne, conseiller d'Etat, secrétaire du roi, trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit, seigneur d'Abbécourt par acquisition en 1579 et de Genlis en 1583. Mort le 12 avril 1608 à 73 ans.
Brulart (Gilles), fils de Pierre ; chevalier, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, seigneur de Quierzy, Genlis, Abbécourt, Viry, Ognes, Flavy en partie, en 1609 ; secrétaire d'Etat en 1609, gouverneur et bailli de Chauny en 1608.
Brulart (René), fils de Gilles, marquis de Genlis et du Pisieux, comte de Thenelles en 1654, seigneur d'Abbécourt. Il mourut le 21 décembre 1696 à 79 ans.
Brulart (Florimond), fils de Gilles, chevalier, bailli de Chauny, colonel d'un régiment d'infanterie ; seigneur de Genlis pour qui cette terre fut érigée en marquisat en, 1645, de Senicourt, de Béthancourt vers 1625 ; baron d'Abbécourt ; il décéda le 20 juin 1685 au château de Genlis, à l'âge de 83 ans.
Brulart (Claude), marquis de Genlis, 166. ; seigneur d'Abbécourt, comte de Sézanne-en-Brie, colonel du régiment d'Artois ; mort dans la campagne de Hollande le 16 mars 1673.
Harcourt (Henri, duc d'), marquis de Beuvron, 20e descendant du premier auteur de cette maison, 1654-1718 ; lieutenant-général en Normandie et des armées ; contribua largement au gain de la bataille de Nerwinde ; deux fois ambassadeur à Madrid, il servit puissamment Philippe V et reçut en récompense le titre ducal ; créé maréchal dès le 14 janvier 1703 ; était encore chevalier des Ordres, capitaine des gardes, gouverneur de Tournai, membre du Conseil de Régence ; eut plusieurs enfants de son mariage en 1705 avec Claude Brulart, fille de Claude et petite-fille de Florimond Brulart de Genlis : l'aîné, François, duc d'Harcourt, 1688-1750, marié à Le Tellier de Barbesieux : Aimé-Pierre, marquis de Beuvron, duc d'Harcourt, 1701-1788, marié à Thérèse Beaupoil de Saint-Aulaire. Henri fut seigneur d'Abbécourt, de Bac-Arblincourt, d'Ognes, de Béthancourt, en 1705.
Brulart (Pierre), fils de Florimond ; marquis de Genlis en 1686 ; seigneur d'Abbécourt en 1725, d'Ognes en 1727. Il renonça à l'état ecclésiastique, devint colonel des gendarmes d'Orléans, et mourut à Genlis le 18 janvier 1733, à l'âge de 85 ans.
Brulart (Charles, Moréré dit Pierre), comte de Genlis, puis marquis, seigneur d'Abbécourt, décédé le 15 mai 1753 à 46 ans.
Brulart (Claude-Pierre-Charles), né le 15 mars 1733 ; marquis de Genlis en 1753, seigneur d'Abbécourt, d'Ognes, de Marest-Dampcourt et en partie de Viry-Noureuil et de Senicourt ; colonel des Grenadiers de France.
Aumont (Louis-Alexandre-Céleste, duc d'), né le 14 août 1736 ; fils de Louis-Marie-Augustin, marquis de Villequier, et de Mlle Duras ; seigneur de Frières, Vouel, Condren, Abbécourt, Ognes, de 1770 à la Révolution ; marquis de Genlis par acquisition en 1772. Le maréchal d'Aumont fut le favori de Louis XVI. Sous-lieutenant au régiment du roi à 15 ans, colonel à 17 ans, maître de cavalerie à 22 ans.La terre de Genlis fut érigée en duché-pairie héréditaire en 1774 sous le nom de Villequier-Aumont. Député et représentant de la noblesse à l'Assemblée provinciale de Picardie en juin 1787, démissionna en 1790, pair le 4 juin 1814, il mourut le 10 août de la même année.
Jadis sur les oriflammes, sur l'écu ou bouclier,
au-dessus des portes du manoir, étaient peintes les armoiries
du seigneur, qui publient en langage symbolique les hauts faits d'armes
de ses ancêtres.
Ces armoiries, devenues surtout en usage à l'époque
des croisades, n'étaient d'abord qu'un signe de ralliement, avant
de devenir un emblème de vanité. Ce fut seulement au XVIIe
siècle que l'abus s'en montra, époque où La Bruyère
trouvait déjà ridicule de les voir peintes sur les serrures,
sur les carrosses et sur les livrées. Autrefois leurs vives couleurs
ne brillaient guère qu'au soleil des champs de bataille.
Voici les armoiries de quelques seigneurs d'Abbécourt :
Aumont (d'). Armes : d'or, au croissant de gueules, à l'orle de 8 merlettes de même.
Brulart (de). Armes : de gueules, à la bande d'or chargée d'une traînée tortillée de sable et de 5 barillets de poudre de sable, trois d'un côté et deux de l'autre alternés.
Dreux (de). Armes : échiqueté d'or et d'azur de six traits.
Hangest (de). Armes : d'argent, à la croix de gueules, chargée de 5 coquilles oreillées d'or.
Potes (Florent de). Armes : fasce chargée de trois besans avec deux triangles entrelacés en forme d'étoile, en chef.
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* *
Saint-Sacrement, confrérie en l'église d'Abbécourt. Armes : la figure d'un hostie sur un calice et nous voyons aux processions de la Fête-Dieu cette armoirie attachée aux flambeaux des confrères et aux grandes torches qui se portent en cette cérémonie.
Sceaux de seigneurs et dames d'Abbécourt : Marie d'Offémont, 1262 ; Isabelle d'Abbécourt, 1260 ; Florent de Potes, 1276 ; dessin de E. Fleury (Coll. de E. Fleury de dessins, estampes; etc., t. XXIII, Canton de Chauny, f° 17). -- De ce que le sires d'Offémont vendi à l'abbaye d'Ourscamp à Abbécourt, à Bethencourt-es-Vaux, à Oingne, quanque il i avoit et povoit avoir. Sept. 1284 (Cartul. de l'abb. d'Ourscamp, p. 332, § 541). -- Accord entre les habitants de Caillouel et le seigneur d'Abbécourt touchant les droits de pâturage, 20 avril 1538 (Bibl. Nat. Roul. du Parl. 1re partie p. 1113). -- Testament olographe de Raoul de Goncourt ou Goencourt, demeurant à Abbécourt, en la paroisse Saint-Gilles, et dont un vidimus a été délivré le 3 juin 1426 par Jean Targy, notaire à Chauny. -- Compte de la fabrique d'Abbécourt. 1559-1615 (Arch. de l'Aisne). -- Terrier d'Abbécourt, 1581. -- Baux de terres situées à Abbécourt. 1782 (Arch. de l'Aisne). -- Délibérations de la municipalité d'Abbécourt 1788-an III (Arch. déples de l'Aisne. Période révolre 1789-1800. Répertoire numérique de la Série L, L 819-841). -- Baux de terres situées à Abbécourt. 1782 (Archives de l'Aisne). -- Doléances de la Communauté, 1789 (Archives de l'Aisne). -- Abbécourt (Dic. hist. du dép. de l'Aisne, par Melleville, 1865, t. I, p. 2 ; Dict. top. du dép. de l'Aisne, par Matton, p. 1 ; Arch. de l'Aisne ; Charte de l'abb. de Prémontré ; Cart. de l'abb. de Prémontré. f° 105 de l'abb. de Longpont de l'abb. de St-Médard, f° 71, de l'abb. d'Ourscamp, f° 146 ; Arch. de la ville de Chauny, du musée de Soissons, du bailliage de Chauny B 1860, de la commune de Commenchon ; Arch. de l'Oise. -- Pontoise (terrier d'Ognes ; Etude de Me Prévost, not. à Villequier-Aumont). -- Compte-rendu des funérailles et éloge funèbre de Louis-Joseph Périn d'Abbécourt, ancien grenadier du 2e régiment de la Vieille-Garde, 3 mai 1826. -- Liste des personnes d'Abbécourt inhumées dans l'église et le cimetière (Ms. de M. Briquet, p. 197-202). -- Abbécourt, par Poissonnier, Chauny 1897. -- Pouillé de l'ancien diocèse de Noyon, par l'abbé Chrétien. 1905, fascicule II, p. 84. -- Archives communales.