Guerre et cerises.
Elles valsaient, elles valsaient, les filles sans souci, Dans les bras des garçons, au doux temps des cerises Et leurs robes légères, en corolles fleuries, Tournaient, tournaient encore, pour une ivresse exquise.
Mais la guerre est venue avec ses oripeaux, Emportant les garçons dans sa tourmente grise, Elle a tout balayé, sans trêve ni repos, Et fait sourdre le sang comme jus de cerise.
Seules sous les éclairs de fer, de feu, d'acier, Les filles ont lutté, rebelles, insoumises, Elles ont tant travaillé, elles sont si fatiguées, Qu'elles en ont oublié jusqu'au goût des cerises.
Et la mort a posé sur les gars ses yeux blancs, Fauchant en pleine fleur leur jeunesse soumise ; De leur chair sacrifiée à la folie des Grands, Des roses ont jailli, rouges comme cerises.
Où sont les valses lentes et les baisers d'antan, Quand les filles, du bal, revenaient un peu grises ? Où sont donc les garçons, est-il mort le printemps, Reviendra-t-il jamais, le doux temps des cerises ?
Mais dès que s'éteindra la rumeur des canons, Comme feuille d'automne emportée par la bise, Au grand bal de la vie les filles reviendront Danser, danser encore, la valse des cerises.
Anick Baulard
Pour écouter ce poème mis en musique et interprété par
Patrick Villain, auteur, compositeur et chanteur du Valois,
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