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Les civils pris dans l’étau de tous les conflits sont victimes des « effets collatéraux », comme l’expriment les militaires et les politiques encore aujourd’hui. On les oublie d’autant plus qu’ils sont la mauvaise conscience des belligérants : massacres, viols, enfants illégitimes, boucliers humains, bombardements par les deux camps …

Si la Grande Guerre fut un immense cimetière pour les militaires, on oublie qu’une population française était enserrée dans un territoire occupé par les Allemands limité à 10% de la France (et la quasi-totalité de la Belgique), là où se sont concentrées les batailles parmi les plus meurtrières du XXe siècle.

Partant de l’histoire de sa famille, originaire de l’Aisne, qui lui sert de trame, l’auteur insère celle-ci dans l’Histoire avec un grand H, à la découverte de l’insoutenable, récits et documents à la clé, enrichis par un travail collectif. Camps de travail obligatoire (sa grand-mère y fut transférée avec sa mère, âgée de trois ans), camps de déportation en Allemagne, organisation de la famine, ghettoïsation des villes et des villages, humiliations, etc. Tout ce qui pouvait être prémonitoire de la Seconde Guerre mondiale.

Cette guerre « terroriste », attisée par une propagande haineuse des deux côtés, sans équivalent à l’époque, laissera le nord et le nord-est de la France ravagés, alors que les deux millions de réfugiés seront, pour la plupart, mal reçus en zone libre : on les appellera, avec mépris, les « Boches du Nord ».

L’auteur rend hommage à ces populations qui, courageusement, en dépit des pertes militaires qui ont affecté toutes les familles françaises en y ajoutant les pertes civiles, ont reconstruit leur patrimoine détruit. Les femmes se libèreront, la mode étant une des marques de changement le plus visible. Ce sera aussi l’avènement de l’Art-Déco.